Publicité
pour les 30 ans de l'établissement
- 2010
1980 - 2010 : "Le Central" aura
été durant
30 ans l'épicentre de la vie gay du Marais à Paris. Il a définitivement
fermé ses portes le 9 octobre 2010.
Retour sur son histoire.
A la fin des années 70, le quartier du Marais, dans sa partie située
entre la rue des Rosiers et Beaubourg, est encore un quartier
insalubre, gris et pas très commerçant, à part quelques grossistes qui
sont installés ici depuis longtemps. La vétusté des immeubles permet
des loyers largement inférieurs aux autres quartiers de Paris et la
naissance récente du centre Pompidou commence à attirer des jeunes qui
souhaitent se lancer dans le commerce. En décembre 1978, rue du Plâtre,
c'est la naissance du "Village", le tout premier bar gay du quartier.
Pour la première fois, un bar gay est ouvert sur la rue, sans contrôle
à l'entrée, sans porte à lucarne et surtout à des tarifs "normaux".
Jusque là, les homos parisiens étaient condamnés à ne fréquenter que
des bars de nuits, très élitistes et aux tarifs prohibitifs. "Le
Village" était ouvert dans la journée et servait du café à toute heure.
Le succès a été immédiat et en moins de 3 ans, le Marais est devenu le
centre de la vie gay parisienne et a condamné définitivement l'ancien
quartier gay de Paris, la rue Sainte Anne près de l'Opéra.
Après le Village, il y a eu en novembre 1979, "le 10 rue du Perche"
ouvert par 9 associés dont un certain Maurice McGrath, ancien marin de
la Royal Navy. "Le Perche" deviendra "Le Chantier" puis "le Sling".
C'est Maurice McGrath qui rachète en septembre 1980 un vieux bougnat
totalement insalubre pour en faire "l'Hôtel Central" appelé plus
communément "le Central". Il va totalement rénover
l'établissement, tout en en conservant le charme désuet des cafés de
quartier. L'hôtel Central est d'abord un véritable hôtel, puisqu'il
propose quelques chambres au deuxième et au troisième étage, mais c'est
avant tout un café ouvert sur la rue. Il est situé à l'angle de la rue
Sainte Croix de la Bretonnerie et la rue Vieille du Temple. Le drapeau
arc-en-ciel, nouveau symbole de la communauté homo qui organise ses
premières gay prides en France, est hissé sur la façade de
l'établissement. A l'époque, la mode gay est encore au cuir et aux
moustaches et cette clientèle se retrouve très vite majoritaire dans
l'établissement. Maurice Mc Grath se défendait pourtant d'en faire un
lieu ghetto et souhaitait simplement banaliser l'homosexualité, la
rendre visible. D'ailleurs les hétéros, les femmes et les gens du
quartier y étaient accueillis aussi bien que les gays. Le Central va, à
son tour, faire des émules et attirer dans les deux rues qui le
bordent,
quantité d'autres établissements. Rue Sainte Croix de la Bretonnerie,
c'est la librairie "les Mots à la Bouche", le bar "le Subway", le
restaurant "le Fond de Cour", le coffee-shop "l'Avatic" et un
autre coffee-shop, dénommé simplement "le Coffee-shop" juste en face
des "Mots à la Bouche" et dont le patron n'est autre que Maurice
McGrath qui ouvre ainsi son deuxième établissement en 1982. La rue
Vieille du
Temple n'est pas en reste, puisqu'en face du Central s'ouvre "l'Oscar"
et à l'angle de la rue des Rosiers, "le Swing" remplace un
vieux bar tabac juif, ce qui va d'ailleurs provoquer quelques émois
dans la communauté juive de la rue des Rosiers. Mais les frictions vont
s'apaiser et les gays et les juifs vont finir par cohabiter
harmonieusement. Le Central va ainsi se retrouver à l'intersection des
deux rues les plus gay de la capitale. Pas un homo de passage à Paris
ne peut ignorer son existence, il est répertorié dans tous les guides
gay du monde et réputé pour son ambiance amicale et typiquement
parisienne. Il va traverser les modes, la clientèle va évoluer avec
lui, le décor se moderniser, plusieurs équipes vont se succéder
derrière le grand comptoir mais l'âme de l'établissement sera toujours
omni présente car Maurice McGrath reste aux commandes. Les premiers
clients des années 80, vont continuer à le fréquenter mais des plus
jeunes vont aussi y avoir leurs habitudes, ce qui sera un démenti sans
appel à ceux qui ne connaissent pas le Marais et qui imaginent que
c'est le quartier dédié au culte du jeunisme. Le Central va être le
symbole de ce quartier et il va toujours être un formidable outil de
brassage des générations mais aussi des catégories sociales.
Le samedi 9 octobre 2010, une foule souriante mais à la gorge un peu
nouée se pressait au Central, débordant largement dans la rue pour
boire un dernier verre. Le lendemain, l'établissement était totalement
vidé, les vitres masquées de papier et un simple écriteau : "Le Central
est fermé. Nous vous remercions de votre fidélité pendant ces 30
années, malheureusement l'heure de la retraite a sonné. Bisous."
Maurice McGrath annonce qu'il arrête pour raisons de santé. Après avoir
été l'un des piliers fondateurs du quartier gay parisien, il va
pouvoir maintenant jouir d'un repos bien mérité. Des marchands de
fringues avaient déjà remplacé l'ancien Coffee-Shop ou l'ancien Swing
devenu Amnésia, "Le Central" laissera sa place à une bijouterie.
Contrairement à l'ancien quartier gay de la rue Sainte Anne qui avait
périclité en 3 ans pour avoir perdu sa clientèle, c'est le succès qui
transforme actuellement le Marais en en faisant le paradis de la mode,
de l'accessoire ou de la déco de la maison. La plupart des
locaux commerciaux se vendent à prix d'or car la clientèle gay est
devenue un cible marketing recherchée. Mais lorsque tous les
établissements de convivialité auront été remplacés par des boutiques
de luxe, la clientèle gay aura déjà élu domicile dans un autre
quartier.... qui se cherche encore. A moins que les gays du futur
n'aient plus besoin de se retrouver dans des quartiers spécifiques...
Le
site Hexagone Gay et sa base documentaire sont gérés par l'association
MÉMOIRE COLLECTIVE et ses bénévoles. Les frais de fonctionnement et
d'hébergement du site sont autofinancés par les affiliations et encarts
publicitaires présents sur ce site. En revanche, nos recherches
documentaires, nos acquisitions de documents, notre archivages sont
financés par nos fonds personnels. Vous pouvez nous aider à conserver
notre mémoire LGBT, en toute indépendance, par un don, via le bouton
Paypal ci-contre.
Les dons peuvent rester anonymes ou vous être attribués selon votre préférence.
Pour mieux nous connaître : voir notre page présentation.
Vous pouvez aussi enrichir notre site par vos témoignages ou vos documents.
Pour nous contacter : webmaster@hexagonegay.com
Hexagone Gay propose également un site de
rencontres gay
réservé aux hommes de plus de 18 ans.