En
2010, le Zanzibar à Cannes
était probablement le plus ancien bar gay
d'Europe
encore en activité. Ancien garage
à pointus (les petits
bateaux de
pêche méditerranéens), il se transforme en
bar à marins en 1885. Il est
difficile de le qualifier à l'époque de bar
gay (le mot n'étant pas
inventé), bien que les rencontres devaient y
être viriles. Dès 1936, il
a pourtant la réputation d'être un bar pour
homosexuels mais ce devait
probablement déjà être le cas depuis 1920.
Ses fresques très explicites
peintes sur les voutes de l'établissement,
datent du
début des années 60. On les doit à Antonin
Ivanovitch Soungouroff
(1911-1982), un peintre russe échoué à
Cannes
qui aimait peindre les éphèbes mais aussi
les marins, les légionnaires
et les gitans. On peut imaginer qu'elles ont
inspiré Jean Cocteau dans
ses
dessins, qui fut d'ailleurs un client assidu
du Zanzibar. Cet univers
de marins, décrit aussi par Genet dans
Querelle de Brest, fait partie
de la mémoire collective homosexuelle et
reste très attaché à
l'ambiance du Zanzibar, même si on n'y
croise plus de marins depuis
longtemps. Dans les années 50, on y retrouve
plutôt toute
l'inteligencia homosexuelle parisienne et
internationale. Avec Cocteau,
Jean Marais mais aussi Andy Warhol,
Jean-Claude Brialy, Georges Michael
puis plus tard, les vedettes de la télé
comme Yves Mourousi qui aimait
mettre la main aux fesses à tous les garçons
du bar. Dans les années 60
et 70, c'est "l'annexe gay" du Palais des
Festivals. Les jeunes gens en
quête d'un rôle au cinéma fréquentent
l'endroit dans l'espoir d'y
trouver leur pygmalion. Dans les années 80
l'ambiance y devient encore
plus chaude et virile, impossible de rentrer
certains soirs d'été tant
il y a du monde. L'établissement est alors
tenu par "Vickie", qui le
cèdera à la fin des années 80 à Yves. A la
fin des années 90, c'est
Jean-Marie qui en prend la destinée. D'une
constance exceptionnelle,
dans les années 90 et
2000, ce bar est toujours gay. On y
rencontre toujours de temps à autre
des vedettes de passage comme Pierre Palmade
ou Edouard Baer. Le
Zanzibar est un endroit intemporel pourtant
toujours en phase avec son
époque.
Malheureusement en décembre 2010,
Jean-Marie, après avoir tenté en vain
de trouver un repreneur qui perpétuerait sa
longue histoire gay, est
contraint de vendre l'établissement. Le seul
candidat à sa reprise va
le transformer en glacier... Un soir d'hiver
2010 Cannes perd un de ses
monuments. Le Zanzibar ferme dans
l'indifférence générale. Même
si cela n'annonce pas nécessairement la
glaciation de la vie gay
cannoise, tous ceux qui ont connu les heures
chaudes de cet endroit
auront peut-être un sourire nostalgique en
apprenant sa nouvelle
destination glacée.
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des
années 90
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des
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