Issu d'une
famille bourgeoise, Jean Cocteau né en 1889 en région parisienne,
poursuit des études plutôt moyennes puisqu'il n'obtient pas son
baccalauréat. Cela ne l'empêche pas de publier son premier recueil de
poèmes, "La Lampe d'Aladin" à 20 ans et à fréquenter le monde
artistique parisien. Très vite, il se lie d'amitié avec de nombreux
artistes et intellectuels homosexuels comme lui : Marcel Proust,
Reynaldo Hahn, Lucien Daudet, Maurice Rostand, Max Jacob, André Gide,
De Max... La Grande Guerre de 14-18 va le tirer de sa vie frivole de
poète. Il sera ambulancier au front. C'est à cette période qu'il
commence à écrire des romans et des pièces de théâtre. En 1917, il se
lie d'amitié avec Serge de Daguilev, des ballets russes, et collabore
avec lui pour produire "Parade", ballet dont les décors seront confiés
à Picasso et la musique à Eric Satie. Son premier amour est le jeune
Raymond Radiguet qu'il rencontre en 1919. Radiguet est alors âgé de 15
ans et il écrit déjà des romans que Cocteau va promouvoir dans les
cercles littéraires. Malheureusement Radiguet meurt de la typhoïde à 20
ans et laisse Cocteau inconsolable. C'est à cette occasion qu'il
pourra mesurer la bêtise et l'homophobie de ses contemporains puisque
François Mauriac aura le mauvais goût de le surnommer "le Veuf sur le
Toit", en référence au célèbre établissement homosexuel parisien qu'avait
patronné Jean Cocteau, "Le B½uf sur le Toit". Cocteau n'osera même pas
assister à l'enterrement de son ami. Très blessé, il se réfugiera dans
l'opium, la drogue à la mode à cette époque. Ce n'est qu'au bout de
quelques années qu'il arrivera à s'en dégager par une cure de
désintoxication. Dans les années 30, Cocteau s'intéresse au cinéma,
comme réalisateur, scénariste ou dialoguiste mais aussi à d'autres arts
puisqu'il sera aussi peintre, décorateur, costumier de théâtre,
sculpteur, céramiste et... dessinateur. L'artiste est extrêmement
prolifique.
Que ce soit à travers ses dessins ou ses écrits,
Jean
Cocteau n'hésite jamais à aborder l'homosexualité. Certains de ses
dessins sont d'ailleurs d'une grande homosensualité. En 1937, il
rencontre Jean Marais lors d'une audition pour son film "¼dipe Roi".
Subjugué par la beauté de l'acteur, il en fera son amant puis son ami
jusqu'à la fin de sa vie. Les deux hommes seront inséparables tant à la
ville qu'à la scène et formeront certainement le couple homosexuel le
plus célèbre du XXème siècle en France. Cette passion ne les empêchera
d'ailleurs pas d'avoir des amants chacun de leur coté. Durant
l'occupation, ils vont continuer à créer pièces et films. Cocteau,
plutôt pacifiste, accorde plus d'importance à sa fidélité en amitié
qu'au conflit qui déchire le monde. Durant
l'occupation, il aura été un des seuls à tenter de sauver son ami
l'écrivain juif Max Jacob, malheureusement sans succès, alors que la
plupart de ses "amis" d'avant guerre se réfugieront dans un silence
complice et prudent. Il s'exposera aussi pour sauver son ancien amant
devenu résistant, Jean Desbordes, qui finira néanmoins par être exécuté
par la Gestapo. Cocteau bénéficie effectivement de quelques protections
auprès de l'occupant, qu'il n'hésite jamais à solliciter pour aider ses
amis. Le
sculpteur allemand Arno Brecker, ancien étudiant de Montparnasse,
s'était lié d'amitié avec Cocteau dès 1924. Lorsqu'il revient à Paris
durant la guerre, c'est comme sculpteur officiel du Reich et Cocteau
l'accueille comme un ami personnel et non comme un ennemi de sa patrie.
Mais il ne s'agit pas là d'un acte de collaboration. D'ailleurs, les
relations entre Cocteau et les collaborateurs sont plutôt
conflictuelles. Le critique de théâtre de la presse
collaborationniste, Alain Laubreaux, attaquant Cocteau sur sa vie
privée dans "Je suis partout", avait même obtenu par le
préfet de Police
l'interdiction de sa
pièce, la "Machine à écrire". Jean Marais, défendant son ami, avait
pris le risque d'administrer une sévère correction en public à
Laubreaux. Ce sont les Allemands qui autoriseront la pièce, désavouant
les collaborateurs zélés français. Mais cette complaisance des
allemands sera peut-être jugée troublante à la Libération. Et après
l'homophobie des collaborateurs, il devra affronter l'homophobie des
libérateurs. Comme beaucoup d'artistes et d'écrivains homosexuels, le
seul fait de n'avoir pas été inquiété par les Allemands, suscitera des
interrogations. Cocteau sera contraint de passer devant un comité
d'épuration qui le lavera de tout soupçon de collaboration en quelques
minutes.
Dans les années 50, il va réaliser de nombreux films à succès. Il
s'installe avec Jean Marais dans une maison à Milly-la-Forêt mais ne
relâche jamais son travail artistique et littéraire. En 1963, son ami
allemand Arno Brecker sera reçu à Milly-la-Forêt où il réalisera un
buste de Jean Cocteau et de Jean Marais. Jean Cocteau sera emporté
quelques mois plus tard par une crise cardiaque en apprenant la mort
d'Edith Piaf dont il était proche. Jean Marais lui restera fidèle et ne
cessera jamais d'honorer la mémoire de son ami jusqu'à sa propre mort
en 1998.
- André Fraigneau, Entretiens
avec Cocteau, 1965
- Monique
Lange, Cocteau
Prince sans royaume, Lattes,
1989
- Ahmed
Youssef, Cocteau
l'Egyptien, La tentation orientale de Jean Cocteau,
Monaco, Editions du Rocher, 2001
- Nicole
Vaillant Dubus, À
toi, Jean
Cocteau : poète de l'Europe. Colomars : Mélis éditeur,
coll. « Lettre à... », 2003
- Jean
Marais,
l'Inconcevable Jean Cocteau, Ed
le Rocher, 2003
- Carole Weisweiller, Jean Cocteau,
les années Francine, 1950- 1963, Seuil, 2003
- Brigitte
Arnaud, Jean
Cocteau
l'insolence, 2003
- Claude
Arnaud, Jean
Cocteau, Gallimard,
2003
- Marie
Jemma-Jejcic, Jean
Cocteau
ou l'énigme du désir. Ce que le poète apprend au psychanalyste,
Editions Eres, 2006
- Jennifer
Hatte, La langue secrète de Jean
Cocteau, Peter Lang AG (Suisse), 2007
- James S.
Williams, Jean Cocteau,
Reaktion Books, 2008
- Enrico
Castronovo, Jean Cocteau,
le seuil et l'intervalle, Hantise de la mort et assimilation du
fantastique, L'Harmattan, 2008
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Oeuvres de Jean Cocteau :
Poèmes
:
- 1909 : La
Lampe d'Aladin
- 1910 : Le Prince frivole
- 1912 : La Danse de Sophocle
- 1913 : Les Vocalises
- 1914 : Odes
- 1917 : Ode à Picasso
- 1919 : Le Cap de Bonne-Espérance
- 1920 : Escale - Poésies (1917-1920)
- 1922 : Vocabulaire, Plain-Chant, Prière mutilée
- 1923 : La Rose de François
- 1925 : Cri écrit
- 1926 : L'Ange Heurtebise
- 1927 : Opéra
- 1934 : Mythologie
- 1939 : Énigmes
- 1940 : Allégories
- 1945 : Léone
- 1946 : La Crucifixion
- 1948 : Poèmes
- 1952 : Le Chiffre sept - La Nappe du Catalan
- 1953 : Dentelles d'éternité - Appoggiatures
- 1954 : Clair-obscur
- 1958 : Paraprosodies
- 1961 : Cérémonial espagnol du Phénix - La Partie d'échecs -
Erotiques
- 1962 : Le Requiem, Taches
- 1968 : Faire-Part (posthume)
Poésie
et critique :
- 1918
: Le Coq et l'Arlequin
- 1920 : Carte blanche
- 1922 : Le Secret professionnel
- 1926 : Le Rappel à l'ordre - Lettre à Jacques Maritain
- 1930 : Opium
- 1932 : Essai de critique indirecte
- 1935 : Portraits-Souvenir
- 1937 : Mon Premier voyage (Tour du monde en 80 jours)
- 1943 : Le Greco
- 1947 : Le Foyer des artistes - La Difficulté d'être
- 1949 : Lettres aux Américains - Reines de la France
- 1951 : Jean Marais - Entretiens autour du cinématographe
(avec André Fraigneau)
- 1952 : Gide vivant
- 1953 : Journal d'un inconnu. Démarche d'un poète
- 1955 : Colette (discours de réception à l'Académie royale de
Belgique) - Discours de réception à l'Académie française
- 1956 : Discours d'Oxford
- 1957 : Entretiens sur le musée de Dresde (avec Louis Aragon)
- La Corrida du 1er mai
- 1959 : Poésie critique I
- 1960 : Poésie critique II
- 1962 : Le Cordon ombilical
- 1963 : La Comtesse de Noailles, oui et non
- 1964 : Portrait souvenir (posthume ; entretien avec Roger
Stéphane)
- 1965 : Entretiens avec André Fraigneau (posthume)
- 1973 : Jean Cocteau par Jean Cocteau (posthume ; entretiens
avec William Fielfield)
- 1973 : Du cinématographe (posthume). Entretiens sur le
cinématographe (posthume)
- Poésie de journalisme 1935-1938 (posthume)
Arts
Graphiques :
- 1924 : Dessins
- 1925 : Le Mystère de Jean l'oiseleur
- 1926 : Maison de santé
- 1929 : 25 dessins d'un dormeur
- 1935 : Soixante dessins pour [Les Enfants terribles]
- 1941 : Dessins en marge du texte des Chevaliers de la Table
ronde
- 1948 : Drôle de ménage
- 1957 : La Chapelle Saint-Pierre, Villefranche-sur-Mer
- 1958 : La Salle des mariages, hôtel de ville de Menton - La
Chapelle Saint-Pierre (lithographies)
- 1959 : Gondol des morts
- 1960 : Chapelle Saint-Blaise-des-Simples, Milly-la-Forêt
- 1963 : Vitraux de l’église Saint-Maximin de Metz
Romans
:
- 1919 : Le Potomak (édition définitive
1924)
- 1923 : Le Grand Écart - Thomas l'imposteur
- 1928 : Le Livre blanc
- 1929 : Les Enfants terribles
- 1940 : La Fin du Potomak
- 1948 : Drôle de ménage
Théâtre
- Théâtre Lyrique :
- 1917 : Parade, ballet (musique d'Erik Satie, chorégraphie de Léonide
Massine)
- 1920 : Le Baron Lazare
- 1921 : Les Mariés de la tour Eiffel (musique de Georges
Auric, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc et Germaine
Tailleferre)
- 1922 : Antigone
- 1924 : Roméo et Juliette
- 1925 : ¼dipe-roi.
- 1926 : Orphée
- 1930 : La Voix humaine
- 1934 : La Machine infernale
- 1936 : L'École des veuves
- 1937 : Les Chevaliers de la Table ronde
- 1938 : Les Parents terribles
- 1939 : l'impromptu des Bouffes-parisiens
- 1940 : Les Monstres sacrés, Le Bel Indifférent
- 1941 : La Machine à écrire
- 1943 : Renaud et Armide. L'Épouse injustement soupçonnée
- 1944 : L'Aigle à deux têtes
- 1946 : Le Jeune Homme et la Mort, ballet de Roland Petit
- 1948 : Théâtre I et II
- 1951 : Bacchus
- 1960 : Nouveau théâtre de poche
- 1962 : L'Impromptu du Palais-Royal
- 1971 : Le Gendarme incompris (posthume, en collaboration
avec Raymond Radiguet)
Cinéma
:
Réalisateur
- 1925 : Jean Cocteau fait du cinéma
- 1930 : Le Sang d'un poète
- 1946 : La Belle et la Bête
- 1947 : L'Aigle à deux têtes
- 1948 : Les Parents terribles
- 1950 : Orphée, Coriolan
- 1952 : La Villa Santo-Sospir
- 1955
: L'Amour sous l'électrode
- 1957 : A Chess Sonata in 8 Movements
- 1960 : Le Testament d'Orphée
- 1962 : Jean Cocteau s'adresse à l'an 2000
Scénariste
- 1943 : L'Éternel Retour réalisé par Jean Delannoy
- 1948 : Ruy Blas réalisé par Pierre Billon
- 1950 : Les Enfants terribles réalisé par Jean-Pierre
Melville
- 1961 : La Princesse de Clèves réalisé par Jean Delannoy
- 1965 : Thomas l'imposteur réalisé par Georges Franju
Dialoguiste
- 1943 : Le Baron fantôme réalisé par Serge de
Poligny
- 1945 : Les Dames du bois de Boulogne réalisé par Robert
Bresson
- 1961 : La Princesse de Clèves réalisé par Jean Delannoy
- 1965 : Thomas l'imposteur réalisé par Georges Franju
Le
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