L'histoire
des gay prides a commencé avec
les premières manifestations publiques d'homosexuels au début des années 60
aux Etats-Unis. Mais elles étaient timides et respectables car les
homos éprouvaient un sentiment de honte.
En juin 1969,
après un contrôle
d'identité musclé, opéré par la police new-yorkaise au bar homosexuel
"le Stonewall Inn" (53 Christopher Street), les clients vont se
révolter et 5 nuits d'émeutes vont embraser le quartier. C'est la
première fois que la police est confrontée à une révolte des
homosexuels. Plusieurs centaines de gays, de lesbiennes et de travestis
vont se heurter à la police anti émeute. Ils vont descendre dans la rue
en revendiquant et en assumant leur différence, en criant leur fierté
d'être gay en opposition à ce sentiment de honte qui leur était imposé
par la société.
Dès 1970,
les
grandes villes américaines et Londres commémorent le 1er anniversaire
des événements de Stonewall par des marches à visages découverts.
C'est pour combattre ce sentiment de honte très répandu chez les
homosexuels que ces marches se sont qualifiées de "marches de la
fierté" (gay pride). Leur message est double :
- revendiquer une égalité des droits et la fin des discriminations en
direction des dirigeants et de la société.
- démontrer à toutes les personnes homosexuelles, lesbiennes,
bisexuelles ou transgenres que l'on peut, sinon tirer de la fierté de
son état, tout au moins le vivre naturellement, au grand jour, sans
honte et sans vouloir s'enfermer dans le conformisme hétérosexuel
imposé par la société.
Dès le début, ces mouvements se heurtent au conservatisme d'une grande
partie des gays eux-même. Beaucoup d'entre-eux estiment que pour se
faire un jour accepter, il vaut mieux rester respectables, tranquilles,
discrets et surtout ne pas encourager les excès des travestis et autres
drag queens qui donnent une mauvaise image des homosexuels. Mais plus
rien ne pourra arrêter les gays décidés à sortir de leur placard.
L'anniversaire de cette rébellion des gays sera fêté chaque année
depuis lors : c'est la naissance des GayPride dans toutes les capitales
du monde occidental. Les gays avaient décidé de ne plus se taire et de
se montrer au grand jour.
En 1970, en France, la seule organisation homosexuelle existante est
"Le Club Arcadie". Ce mouvement est aux antipodes de la lutte
révolutionnaire qui naît dans les pays anglo-saxons. André Baudry, son
responsable, est convaincu que les homosexuels peuvent s'intégrer dans
la société s'il font preuve de responsabilité, de modération et surtout
s'ils évitent les comportements trop démonstratifs. Arcadie ne peut
donc pas être le relai de ce mouvement révolutionnaire et ne
participera jamais à une gay pride.
La commémoration des événements de Stonewall n'aura aucun relai en
France en 1970.
C'est en mars 1971
que nait en
France le mouvement homosexuel révolutionnaire, avec la création du
FHAR, Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire. Dès lors, une
structure existe pour que les homos français descendent eux aussi dans
la rue à visage découvert.
Mais la première marche autonome des homosexuels français ne sera
organisée qu'en 1977 à Paris. Dans cet intervalle, le FHAR qui laissera
la place en 1974
au GLH
(Groupe de Libération Homosexuelle), participe à tous les défilés de la
fête du travail du 1er mai aux cotés des syndicats, des partis de
gauche mais surtout du MLF (Mouvement de Libération de la Femme) avec
lequel il a un combat commun : la lutte contre le pouvoir du mâle
hétérosexuel qui considère les femmes et les homosexuels comme des
êtres inférieurs.
En juin 1977,
Paris connaît
donc sa première marche homosexuelle, même si aucune référence aux
événements de Stonewall n'est avancée. En 1978, les homos vont
présenter des candidats aux législatives et ne défileront pas. C'est à
partir de 1979
que les
associations vont parler de "gay pride" et que l'événement va se
reproduire sans interruption chaque année en juin jusqu'à nos jours.
En avril 1981, juste avant les
élections présidentielles, la gaypride de Paris affichera
clairement des ambitions électoralistes et sera la
première démonstration de masse du mouvement homosexuel français. Puis,
avec la disparition des principales lois discriminatoires et
l'apparition du Sida, le militantisme va connaître un essoufflement et
les marches, une baisse d'affluence. Elles seront à deux pas de
disparaître. Seule la marche de 1987,
qui fait suite au retour de la droite au gouvernement et aux
déclarations contestables du leader de l'extrême droite sur les
"sidaïques", redonnera un peu d'espoir aux militants. Durant toute
cette période, le terme "gay pride" sera
privilégié.
Dans les années 90, le Sida
aura transformé la communauté homosexuelle et aura mis à jour de
nouvelles discriminations notamment en ce qui concerne les droits du
partenaire. Sous l'impulsion des associations de lutte contre le
Sida, on va assister à une renaissance progressive des gay prides.
Désormais, les homosexuels ne revendiquent plus leur différence mais,
au contraire, veulent les mêmes droits sociaux que les hétérosexuels et
en particulier le droit au couple reconnu, sans parler encore de
mariage. Toutes les marches de la décennie 90 vont aborder le thème du
Contrat d'Union Social (CUS) qui va devenir le PACS (Pacte Civil de
Solidarité) et être enfin voté
par le Parlement en 1999. La marche parisienne va passer de 1500
manifestants en 1990 à 250 000 en 1999. A partir de 1994,
les villes de région vont aussi voir apparaitre des marches de la
fierté. Au milieu des années 90, l'appellation "gay pride" est
abandonnée pour "lesbian and gay pride" et les marches s'ouvrent aussi
à une population plus large, y compris des hétérosexuels
sympathisants.
Dans les années 2000, il y
aura
peu d'évolutions d'un point de vue législatif en France, sinon une
amélioration du PACS et quelques avancées dans la lutte contre
l'homophobie.
Alors que le mariage s'ouvre aux homosexuels dans de nombreux pays, la
France, dirigée par des gouvernements conservateurs, va accumuler les
retards en matière d'égalité des droits. Les marches vont donc se
développer tant à Paris qu'en province. Paris va attirer jusqu'à 800
000 manifestants et près d'une vingtaine de villes de région vont
organiser des marches sous la direction des associations LGBT locales
souvent réunies en Collectifs.
Les revendications des
bisexuels et des trans vont peu à peu aussi être prises en
compte et le terme "Lesbian and Gay Pride" va laisser la place au terme
"Marche des Fiertés LGBT (Lesbiennes, Gay, Bi et Trans)". Si la lutte
contre le Sida va passer au second plan en raison des progrès de la
médecine, c'est l'ouverture du mariage à tous et l'homoparentalité qui
vont être au centre des cahiers de revendications.
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RESSOURCES
EXTERIEURES
::
Sources :
- Didier Eribon, Dictionnaire
des Cultures Gays et
Lesbiennes, Larousse, 2003
- Collectif, Dictionnaire
de l'Homophobie, Puf, 2003
- Christopher Miles, Arcadie, ou
l'impossible éden , La Revue h, n° 1, 1996.
- Georges Sidéris, Des folles de
Saint-Germain-des-prés au fléau social, in E. Benbassa et
J.-C. Attias, La Haine de soi, Bruxelles, Complexe, 2000.
- Julian Jackson, Arcadie : La vie
Homosexuelle en France, de l'après-guerre à la dépénalisation,
Ed. Autrement, Paris, 2009.
- Jacques Girard, Le Mouvement
homosexuel en France, 1945-1981, Syros, 1981.
- Scott Gunther, The Elastic
Closet: A History of Homosexualitiy in France -
Palgrave, Janvier 2009
- Jeffrey
Merrick, Michael Sibalis, Homosexuality
in French History and Culture, Editors.
- Oliviero Toscani, Gay Pride
L'Histoire, Sacali Edition, 2005
- Pierre Guénin, La
Gay
Révolution, Cosmo Editions, 2006
- Frédéric Martel, Le
Rose et le
Noir, les homosexuels en France depuis 1968, Editions du
Seuil, 1996
- Archives du Journal Gai Pied et article de Pablo Rouy.
Histoire
des gay prides en France - Années 70 - 80 - 90 et 2000
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