Après
une glaciation de la vie homo en Alsace au lendemain de la guerre, liée
aux persécutions que les nazis ont perpétré contre eux au nom du
paragraphe 175 et à la non abolition des lois discriminatoires de Vichy
en
France à la Libération, la vie gay reprend peu à peu dans les
années 70. Certains lieux n'hésitent plus à apparaitre dans les guides
gay de l'époque, et s'ils restent encore discrets, ils sont l'embryon
d'une vie gay renaissante.
Les années
70 ont vu naître les premières
associations homosexuelles alsaciennes : STRASBOURG.
- L'association nationale Arcadie
possède, dès 1974, son antenne strasbourgeoise.
- Un groupe de jeunes
chrétiens d'Arcadie Strasbourg est aussi à l'origine de la création
de l'antenne locale de David et Jonathan dès 1974. D'abord non
structurés et
indépendants de l'association nationale David et Jonathan, ceux qui
s'appelaient "les Amis de
David et Jonathan",
rassemblent des jeunes homos à la fois protestants et catholiques (à
l'image de la ville). Le groupe, d'une dizaine de personnes, se réunit
d'abord dans un apparteent privé puis dans le presbytère d'un temple
protestant strasbourgeois. En 1978, ils donnent une existence
officielle à
leur association et deviennent adhérents de D&J national.
L'association regroupe alors 45 adhérents. Deux types de réunions sont
organisés : Les réunions générales avec Gérard et les réunions
spirituelles avec Alain. L'½cuménisme des débuts sera brisé par
quelques dissidents protestants
qui décideront de créer leur propre mouvement, à la fois protestant et
pro-germanique : ce sera la naissance de Anderswo.
Anderswo restera néanmoins marginal et éphémère, il sera proche du
controversé pasteur Joseph Doulcé, dirigeant du Christ Libérateur à
Paris.
Mais Strasbourg va aussi connaître à la fin des années 70 quelques
tentatives de création de groupes ou groupuscules révolutionnaires
comme dans la plupart des grandes villes de France :
- Le "Gay Strass"
est un mouvement informel et peu structuré dont l'existence sera
éphémère.
- Une association plus politisée, "le
Collectif Poing Rose" apparaît aussi sur la ville.
- Vers le milieu des années 70 un GLH
(Groupe
de
Libération Homosexuelle) proche du Parti Communiste Révolutionnaire se
constitue à Strasbourg mais ne survivra pas aux années 70.
MULHOUSE.
- Le GLH
(Groupe de Libération
Homosexuelle) a créé sa première antenne en province à Mulhouse en 1975
à
l'initiative de Patrick et Pierre. Même s'ils ne sont pas nombreux, ils
sont très actifs : stands et tracts lors des manifs syndicales,
publication d'un dossier "sexualité" dans le journal sympathisant
"Klapperstei", lettres ouvertes aux élus alsaciens et aux candidats aux
législatives de 1981, etc... D'ailleurs, peu de candidats répondront, à
part Jean-Marie Bockel, qui soutient sans ambiguïté le combat des
homosexuels. Il sera élu pour la première fois député PS en juin 1981
puis maire de Mulhouse en 1989.
- Arcadie
aura un correspondant à Mulhouse, D. WILL, qui y organisera quelques
réunions.
:: 1979 : AGRESSION
DU MINISTRE
AUTRICHIENS DES AFFAIRES ETRANGERES SUR LES QUAIS.
En février 1979, le ministre autrichien des Affaires Etrangères,
Wilibald Pahr, en promenade nocturne et solitaire sur les quais de
Strasbourg est abordé par deux individus qui lui demandent du feu. La
conversation est engagée et les trois hommes s'éloignent du quai en
discutant. Au moment jugé opportun, ses deux rencontres d'un soir vont
le frapper et lui dérober son portefeuille, sa montre et son passeport
diplomatique. Ce genre de mésaventure est très courante à l'époque sur
les lieux de drague strasbourgeois, mais généralement, les homos
agressés n'osent pas porter plainte de peur de dévoiler leur
homosexualité. Et lorsqu'ils portent plainte, aucune enquête de police
n'est menée et les journaux ne consacrent jamais aucune ligne à
l'événement, même lorsqu'il a des conséquences tragiques. Plainte sera
déposée et l'affaire fera grand bruit. Les agresseurs seront rapidement
retrouvés et diront que le ministre, dont ils ignoraient l'identité,
avait eu des gestes inconvenants à leur encontre, d'où leur réaction
agressive. Après un imbroglio juridique lié à la personnalité de la
victime, le procès aura lieu 4 ans plus tard. L'un des deux accusés
sera d'ailleurs décédé entre temps suite à un accident automobile.
L'accusé restant sera condamné à 5 ans de prison avec sursis
pour
vol commis avec violence.
Depuis cette affaire, les lieux de drague de Strasbourg sont surveillés
par les CRS lors des sessions du Parlement européen.
A
STRASBOURG
LES BARS
- Chez Aline
rue du Vieux Marché aux Vins
- Le Club
rue du Vieux Marché aux Vins
LES RESTAURANTS
- Les Trois
Cigognes
8 rue du Faubourg de Pierre
- L'Ancre
28 rue du Faubourg de Pierre
LES
DISCOTHEQUES
- L'Incognito
17 rue Adolphe
Seyboth
LES ASSOCIATIONS
- Arcadie Alsace
- Les Amis de David et Jonathan
- Anderswo
Aumonerie Universitaire protestante
7 avenue de la Forêt Noire
- Collectif Poing Rose
- Le Gay Strass
- Groupe de Libération Homosexuelle de
Strasbourg (GLH)
c/o Librairie Bazar
1 rue des Veaux
::
LES LIEUX DES ANNEES 70 A STRASBOURG.
C'est dans la rue du Vieux Marché aux Vins
que les homos alsaciens ont l'habitude de fréquenter deux
établissements : Le début de soirée se passe chez "Chez Aline", petit
bar qui ouvre le soir de 21h à 1h. Après la fermeture de Chez Aline,
dans la même rue, les homos se retrouvent au "Club" situé à un
troisième étage.
A la fin des années 70, un bar avec discothèque en sous-sol va ouvrir à
la Petite France : "L'Incognito",
rue Adolphe Seyboth. On en parlera dans les années 80.
Plusieurs restaurants discrets accueillent aussi les homos et les
rencontres y sont possibles. La rue du Faubourg de Pierre propose deux
adresses : Au 8, "Les
Trois Cigognes" proposent
une cuisine régionale dans une ambiance bon enfant d'habitués. Cet
établissement deviendra un des bars gay des années 80 sous l'enseigne
du "Bronsky". Au n°28, le bar-restaurant "l'Ancre" est aussi
accueillant.
Les
quais de l'Ill sont déjà des lieux de
drague extérieure, d'autant
plus qu'ils sont dotés de somptueuses vespasiennes. La
Place de la Bourse, le quai Kléber et surtout le
quai
Finkmatt sont très fréquentés aux beaux jours. Le Parc du Contades
abrite aussi des rencontres furtives mais non sans danger car à cette
époque, les agressions d'homosexuels sont nombreuses.
Concernant le quai Finkmatt, la promenade se termine à l'Eglise Saint
Pierre, à coté du Palais de Justice. Les bosquets qui entourent
l'église sont très accueillants et réservés aux ébats nocturnes, alors
que le trottoir de la rue Arbogast qui la bordent sont plutôt
fréquentés par les garçons qui se livrent à la prostitution. Les deux
mondes cohabitent sans problème.
A MULHOUSE
LES BARS
- Le Moll
place de la République
LES DISCOTHEQUES
- Le Doyen
12 rue Aristide Briand - Lutterbach
LES RESTAURANTS
- Le Florentin
5 Passage de l'Hôtel de Ville
LES
ASSOCIATIONS
- Groupe de Libération Homosexuelle
c/o LPI
1 boulevard Roosevelt
- Arcadie
::
LES LIEUX
DES ANNEES
70 A MULHOUSE.
Dans
le reste de l'Alsace les homos des années 70 ne disposent
pas vraiment d'établissements gay. Même à Mulhouse, la grande ville du
sud de l'Alsace, il n'y a pas de bar ou de boite homo mais les gays de
l'époque sortent le samedi soir au "Doyen",
12 rue Aristide Briand à Lutterbach, la boite la plus branchée de la
région, hélas un peu en dehors du
centre. Le Doyen était néanmoins accessible par les transports en
commun de Mulhouse (terminus de la ligne), pour l'aller mais pas pour
le retour. L'établissement est ouvert depuis 1967. Les
brasserie "Hug"
et le "Moll",
bien que grand public, ont également gardé la faveur des homos de la
ville qui s'y retrouvent volontiers autour d'un verre.
Le
principal lieu de rencontres nocturnes de Mulhouse est maintenant le Parc Salvator,
en plein centre ville. Dès la tombée de la
nuit, les voitures tournent sur le parking proche, les ombres se
suivent dans la vespasienne à l'entrée du parc et les buissons abritent
des amours passagères. Si aucun établissement gay ne figure dans les
guides de l'époque, la ville n'est quand même pas un désert pour les
gays. Quelques restaurants du centre ville, dont les serveurs "jouent
dans l'orchestre" quand ce ne sont pas les patrons, ont également la
préférence des gays des années 80. "Le
Florentin", passage de l'hôtel de
ville, sera incontestablement le rendez-vous préféré des gays avant
leurs escapades nocturnes. Pour sortir et faire la fête, les homos ont
également l'habitude de se rendre à Bâle, la ville s½ur du coté suisse,
beaucoup plus ouverte que Mulhouse sur le plan des m½urs. Dans les
années 70, le "Elle et
Lui" (Chez Thérèze), "l'Isola
Club" ou l'hôtel "White
Horse"
ont l'habitude de voir arriver une clientèle française le week-end.
Dans les années 80, grâce au succès rencontré auprès des alsaciens,
Bâle verra d'autres établissements naître comme le "Sombrero", puis le "Sombrero 2", le "Stratos-Club" ou le
sauna "Mawi".
Une librairie gay, "Arcados"
avec des ouvrages et des journaux gays internationaux permettra aussi
aux Mulhousiens de trouver la littérature que les libraires et
kiosquiers de leur ville ne leur fournissent pas.
Colmar, la préfecture du Haut-Rhin, reste à cette époque extrêmement
prude et calme. Seul le Champ de Mars et ses toilettes à coté du Parc
Rapp peuvent être
l'occasion de rencontres nocturnes.
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