Après
la dépénalisation de l'homosexualité en 1981 par le nouveau
gouvernement socialiste, les établissements gay font preuve peu à peu
de plus de visibilité. Si Mulhouse reste encore un peu en retrait, à
Strasbourg, les boites et bars les plus fréquentés de la ville, y
compris en semaine, restent les bars gay. Strasbourg,
avec l'influence liée au Parlement européen, sort peu à peu de son état
de ville étriquée et coincée, mais la résistance traditionaliste fera
encore parler d'elle. Le monde associatif fera
preuve d'une belle vigueur au début des années 80 avant une mutation
liée à l'apparition du Sida.
STRASBOURG.
En 1980, Le GLH se mute en "Collectif Homosexuel de Strasbourg" et
Arcadie disparaît tant au niveau national que local en juin 1982. Les
militants d'Arcadie se faisaient de moins en moins nombreux malgré une
émission qu'ils animaient sur les ondes de Radio Verte Fessenheim.
- Le "Collectif des
Homosexuels de Strasbourg"(CHS)
est créé en
septembre 1980.
Ce mouvement est affilié au CUARH (Comité
d'Urgence Anti Répression Homosexuelle) créé en 1979 à
Marseille. Il
succède au GLH de Strasbourg qui avait lui-même été créé au milieu des
années 70 et qui connaissait des dissensions internes, certain
privilégiant le combat politique (à gauche) au détriment de l'intérêt
porté à la vie au quotidien des homosexuels en détresse. Le CHS se
réunit toutes les semaines au 101 Grand Rue puis dans son
local du 13 rue du Général
Zimmer à Strasbourg. Il propose des activités de loisirs, de réflexion
et d'accueil. Il publie un journal : "Homochronique". Comme la plupart
des associations de ce type, il disparaît au milieu des années 80.
-
"David et Jonathan Strasbourg",
l'association des gays chrétiens reste très active
sur Strasbourg en raison de la forte tradition religieuse de la ville.
L'antenne Strasbourgeoise est la première de France après Paris en
nombre d'adhérents. Ses réunions sont très suivies. Elle organisera en
1982 les JAR
(Journées Annuelles de Réflexion). Une antenne de D&J existe
aussi à
Mulhouse.
- "La Lune Noire"
rassemble les
femmes, féministes et lesbiennes de la ville. A partir d'octobre 1980,
elles ont leur local associatif, mi bar mi salon de thé au 14 rue des
Couples.
- Fin 1981, l'association
nationale juive et gay, le "Beit Haverim", va créer "Beit Haverim Strasbourg".
- En mai 1987,
l'association nationale de
lutte contre le Sida, "Aides",
crée son antenne alsacienne à Strasbourg. Aides Alsace a aussi un
bureau à Mulhouse.
- "La Cigogne Rose",
c/o Ondes et rives, 2 rue fritz : Ephémère association de randonneurs
gay (1985).
MULHOUSE.
- Arcadie
possède une antenne à Mulhouse mais aussi à Colmar jusqu'à sa
disparition en
1982.
- Successeur du "GLH de
Mulhouse", l'association "Expression
Gai" est créée fin 81. Elle est abritée dans
les locaux de la Ligue des droits de l'Homme, au 65 rue du
Lieutenant Jean de Loisy. L'association propose aussi un
groupe
lesbien.
- "S.A.R. Elles",
sera un petit groupe lesbien éphémère.
- Comme à Strasbourg, l'association "David
et Jonathan" est très présente dans la ville.
::
LES EMISSIONS DE RADIOS.
STRASBOURG.
Les
associations profitent aussi de
l'éclosion des radios libres pour
avoir leurs émissions sur les ondes alsaciennes.
- David et Jonathan
anime une émission en 1982 à Radio Contact Strasbourg (102,2 Mhz), "la Vie en Rose".
L'émission sera à l'antenne durant quelques années (82, 83, 84) et
sera animée par un DJ connu à Strasbourg, Jimmy.
- Radio Nuée Bleue diffuse une émission de petites annonces ouverte aux
gais.
- Radio Dreyeckland diffuse chaque dimanche de 20h à 22h "La Fréquence Gay du Dimanche". - Radio Bienvenue Strasbourg (103 Mhz), le
lundi de 24h à 2h :
"Navire Night"(1983 - 1984) puis le samedi de 23h à 24h, "Déviance Nocturne"
(1984)
MULHOUSE.
- Radio Visage (101,6 Mhz) : "Homosexualité
d'aujourd'hui", le dimanche de 21h30 à 24h (1984)
- Radio Star (99,8 Mhz) : "Rectangle
Blanc" le vendredi à minuit. (1986 - 1987)
- Radio Dreyeckland (96,1 ou 101 Mhz) : "Lambda" le dimanche
de 20h à 22h (1986 - 1987).
:: LES JOURNAUX.
- Le CHS publie un journal "Homochroniques",
distribué auprès des adhérents, vendu 6 F dans les lieux gais et même à
la FNAC
de Strasbourg. Le premier numéro paraît en mars 1981. Sa parution est
bimestrielle. Il traite de l'info communautaire et associative, puble
des poèmes, des récits...
- Arcadie aura un bulletin "Alsace Lorraine" avant sa disparition en 82.
- En
septembre 1989, un journal gratuit est créé à Strasbourg "HEP Alsace Lorraine".
Il est distribué dans les lieux gay d'Alsace et de Lorraine. Des
articles sont consacrés à la vie gay de la région et notamment aux
nombreuses agressions dont sont victimes les homos
sur les lieux de drague. Ce journal est destiné aussi à compenser le
silence total des quotidiens régionaux comme l'Alsace ou les Dernières
Nouvelles d'Alsace (DNA) qui se refusent obstinément à traiter les
sujets
qui
concernent l'homosexualité, sauf quand il s'agit d'affaires scabreuses.
Ils se délectent d'ailleurs à longueur de colonnes d'affaires de
pédophilie dont ils n'hésitent jamais à faire l'amalgame avec
l'homosexualité et dont ils rendent coupables les nouvelles lois
socialistes décriminalisant l'homosexualité. Une affaire de "ballets
bleus" sera jugée en 1982 à Colmar, elle implique un buraliste de la
ville et des jeunes de 14 à 16 ans. Les DNA titreront "Adolescents pour
messieurs fortunées dans l'arrière boutique d'un bureau de tabac"... Le
"ballet bleu" fait toujours vendre plus de papier que "le ballet rose",
peut-être parce qu'il est moins courant.
:: LE MINITEL
ROSE STRASBOURGEOIS : GRETEL.
Avant
l'invention de l'internet, la France avait une guerre d'avance sur le
reste du monde grâce à la mise à disposition gratuite dans chaque
foyer, par France Télécom, d'un minitel. Ancêtre de l'internet, les
réseaux minitels permettaient de consulter l'annuaire puis, peu à peu,
d'autres services. A Strasbourg, France Télécom a expérimenté le
minitel dès 1982 avant de l'étendre au reste de la France. Avec les
DNA, le premier vrai réseau convivial français a été mis en place
involontairement en
1983 : A l'origine, GRETEL n'est pas destiné à être de serveur de
messagerie, ce qui n'existe d'ailleurs encore nulle part. Il apporte de
l'information de service à ses utilisateurs. Mais afin de permettre un
échange avec les utilisateurs qui rencontrent un problème, les
responsables du service imaginent la possibilité de leur envoyer un
message en direct et de recevoir leur réponse. Très vite, cette
fonction est piratée par de jeunes utilisateurs expérimentés et on
découvre que ce service peut aussi devenir convivial. Les concepteurs
de Gretel travaillent dans cette direction et proposent assez
rapidement un véritable service de messagerie, accessible avec un
pseudo, mais aussi des forums, des boites aux lettres, des CV... La
messagerie électronique est inventée.
Aussitôt les homos s'emparent littéralement du réseau Gretel et
inventent la drague électronique : Echanges de propos érotiques, prises
de rendez-vous... L'expérience Gretel sera un avant goût des fameux
3615 qui vont révolutionner la drague homosexuelle dès 1984 et se
développer partout en France. Le minitel rose est inventé.
La presse gaie
alsacienne dans les années 80
::
AVRIL 1982 : CONGRES INTERNATIONAL DE L'ILGA A STRASBOURG COMPROMIS PAR
L'EVEQUE.
En avril 1982, l'association internationale ILGA
(International Gay and Lesbian Association) décide de tenir son congrès
international à Strasbourg, capitale européenne. Ce sera l'occasion
pour l'évêque de Strasbourg, Léon-Arthur
Elchinger, de mettre une fois de plus son homophobie au grand jour :
après avoir déclaré publiquement qu'il considérait les homosexuels
comme des infirmes, il refuse à l'Ilga de mettre le Foyer du Jeune
Ouvrier Chrétien à la disposition des quelques 150 participants prévus.
La réservation avait été faite de longue date et le refus est exprimé 4
jours avant le congrès. Tous les autres hébergements de grande capacité
de la ville appartiennent soit à l'Evêché soit à la mairie et sont tous
curieusement indisponibles. Les hôtels, chroniquement complets dans
cette ville, ne présentent même pas une alternative. Les organisateurs
arrivent à trouver une solution au Village Vacances Familles de
Sélestat, donc hors de la ville. Mais là aussi, la Directrice est
obligée de se raviser après quelques pressions sans ambiguïté. C'est
dans un pré boueux, où l'on a improvisé un village de tentes (sans
aucun jeu de mot car l'ambiance ne s'y prêtait pas), que les
associations françaises vont être obligées d'accueillir les quelques
150 délégués venant de toute l'Europe. Ceux qui n'auront
pas la chance de trouver
une chambre d'hôtel devront dormir dans le froid sous des tentes
collectives mises à disposition par l'armée sur ordre du gouvernement
socialiste. Le Sofitel acceptera de louer une salle de
réunion et la grande brasserie "la République" acceptera de servir 150
repas deux fois par jour, durant la durée du congrès.
Les
déclarations de l'évêque, son manque de charité chrétienne, l'hostilité
de la municipalité qui va multiplier les embûches, vont avoir des
conséquences catastrophiques pour la ville de Strasbourg dans les
médias européens qui vont mettre le doigt sur la petitesse d'esprit
d'une ville qui se prétend capitale de l'Europe et dont le Parlement
venait depuis peu de mettre fin aux discriminations sur l'orientation
sexuelle.
Les participants décidèrent de manifester le samedi soir devant la
cathédrale de Strasbourg à l'occasion de la sortie des fidèles pour la
messe pascale. Les paroissiens se sont vu remettre des tracts roses et
on été obligé de passer entre deux rangs de manifestants, dans une
ambiance plutôt bon enfant, et devant une banderole : "Bon Baisers des
Infirmes, Rendez-vous à Lourdes". A titre de représailles, la
municipalité ne trouvera rien de mieux à faire que de cadenasser
définitivement toutes les pissotières de Strasbourg dès la semaine
suivante !
Les associations locales seront très
vite relayées par les associations nationales et internationales pour
poursuivre l'évêque
pour diffamation. Malheureusement, la justice ne leur donnera pas gain
de cause et l'évêque les poursuivra à son tour pour procédure abusive.
Nous sommes en 1982.
:: BILAN DU LIEU
DE DRAGUE DE
MULHOUSE DE 1980 A 1987 :
4 MEURTRES ET DES DIZAINES D'AGRESSIONS.
Dans les années 80, les casseurs de pédés, pensant encore jouir d'une
totale immunité lors qu'ils agressent des homosexuels, sévissent dans
tous les parcs et lieux de drague de France. Agression "pour le
plaisir", vol, chantage, racket, sont le quotidien de nombreux
homosexuels. A Mulhouse, touchée ni plus ni moins qu'ailleurs, c'est le
Parc Salvador qui est le théâtre régulier d'agressions. En septembre
1987, le journal Gai Pied consacre un article à ce lieu de drague où
durant tout l'été, de nombreux homosexuels se sont fait agresser avec
violence par 3 individus. C'est l'occasion de faire le point sur le
nombre de meurtres qui se sont déroulés dans ce lieu depuis 1980.
Certaines victimes, rencontrées au parc seront contraintes d'emmener
leurs agresseurs chez elles où l'appartement sera pillé et la victime
assassinée. Voici la liste des homosexuels assassinés à Mulhouse entre
1980 et 1987 après une rencontre malheureuse au Parc Salvador :
- février 1980 : C. Madru, 47 ans, assassiné dans le parc de 11 coups
de couteaux.
- octobre 1983 : D. Decker, ramené à son domicile, est étranglé par le
fil de son fer à repasser.
- août 1985 : M. Treche, 70 ans est retrouvé étranglé.
- début 1987 : P. Raguenes, assassiné par arme blanche.
La liste ne s'arrêtera malheureusement pas là, mais peu à peu, les
homosexuels finiront par ne plus craindre de porter plainte après une
agression, ce qui était encore rare au début des années 80, de peur de
voir leur vie basculer par les indiscrétions de la police, de la presse
ou de la justice.
A
STRASBOURG
LES BARS
- Le Petit Maxim
place de l'Homme de fer
- Le Nid d'Espions
3 rue des S½urs
- Aux Aviateurs
12 rue des S½urs
- La Lune Noire
14 rue des couples
- L'Italia
rue des Hallebardes
- Le Bronsky (Le
Bronsky bis)
8 rue du Faubourg de Pierre
LES DISCOTHEQUES
- L'Incognito (Le Blue Boy's)
17 rue Adolphe Seyboth
- Le Kiproko
42 Rue de la Krutenau
- Le New Brummel's
23 rue des Tonneliers
- Le Spartacus (Why Not)
19 rue du Marais Vert
- Le Studio 80
79 Grand Rue
- Le Loft
22 rue des Magasins
- Le 56 (le Privilège)
56 rue du Jeu des Enfants
- Le Spart
1 rue de l'Epine
LES RESTAURANTS
- L'Ancre d'Or
13 rue Nationale - Bischeim
- Au Coin du Feu
10 rue de la Rape
- Le Pied dans
le Plat
8 rue du Renard Prêchant
LES SAUNAS
- L'Olympic Club Sauna (Oasis Club)
22 roue de Bouxwiller
- Antinoos
2 place du Faubourg de Pierre
LES
ASSOCIATIONS
- La Lune Noire
14 rue des Couples
- David et Jonathan
- Collectif Homosexualité Strasbourg
13 rue du Général Zimmer
- Beit Haverim Strasbourg
- La Cigogne
Rose
c/o Ondes et Rives 2 rue Fritz
LES
SEX-SHOPS GAY
- La Vie en Rose
8 Faubourg de Saverne
::
LES LIEUX
DES ANNEES
80 A STRASBOURG. LES
BARS- LES DISCOTHEQUES.
A partir des années 80, la vie homosexuelle strasbourgeoise va se
développer et certains établissements vont marquer durablement la vie
gay de la ville. "L'Incognito",
ouvert à la fin des années 70, sera
la discothèque mythique des nuits gay strasbourgeoises dans les années
80 et jusque dans les années 90. Ses propriétaires et
animateurs sont "Jo et Jimmy" deux figures du gay Strasbourg puisqu'ils
seront aussi à l'origine d'autres
établissements dans les années 90 (le Saint Trop, Le Monte Carl', le Jo
et Jimmy's Club...). L'Incognito est situé
dans le quartier historique de la Petite France, au 17 rue Adolphe
Seyboth. Aucune enseigne, aucune publicité, pas même un éclairage pour
annoncer sa présence, l'Incognito joue la carte de la discrétion et
porte bien son nom. Il
n'ouvre qu'en soirée à 21h et il faut sonner pour entrer. Une fois la
porte de bois
franchie, on est accueilli dans une petite salle avec le vestiaire et
un premier comptoir où l'on peut passer le début de la soirée mais les
places assises sont rares.
C'est au sous-sol que l'ambiance
est la plus
chaude et le volume sonore le plus élevé. On y accède par un escalier
très escarpé qui débouche sur une petite piste de danse, animée par un
DJ. Quelques tables basses et banquettes complètent un décor plutôt
minimaliste. La clientèle est presque exclusivement masculine mais les
filles ne sont pas interdites totalement dans l'établissement. Durant
une dizaine d'années, l'Incognito sera le seul lieu incontournable des
nuits gay strasbourgeoises. On y vient de loin et la moyenne d'âge
tourne autour de 20 ans. Tous les grands succès des années disco vont
résonner dans ces murs. Il connaîtra quelques fermetures
administratives, puis se transformera quelque temps en "Blue Boy's"
avant de laisser définitivement la place à une brasserie non gay. Ses
fermetures administratives permirent d'ailleurs l'émergence d'une
deuxième boite gay rue de la Krutenau. "LeKiproko" récupéra
un
temps la clientèle de l'Incognito avant de devenir de moins en moins
gay et de plus en plus rock et baba-cool.
Un
autre bar, situé à coté de la Place Kléber, place de l'Homme de
Fer, a aussi la cote auprès des homos du début des années 80. "Le Petit Maxim"
est un bar ouvert à tout le monde mais aussi un des seuls restaurants à
servir très tard la nuit, ce qui en fait par obligation un lieu
intéressant pour la clientèle de nuitards dont les homos constituent
l'essentiel des troupes.
Au début des années 80, les gays ont l'habitude de fréquenter dans la
journée la terrasse de "l'Italia",
rue des Hallebardes à deux pas de la cathédrale. Au milieu des
touristes, c'est l'endroit où l'on se donne RDV avant d'aller dîner ou
de sortir, c'est aussi l'endroit où l'on se montre et où l'on mate le
minet, tirant profit de la rue la plus fréquentée de la ville.
En
1985, après Annemasse et Fort de France, un propriétaire de bar gay
genevois ouvre à Strasbourg le "New
Bummel's",
au 25 rue des Tonneliers. Dans un cadre cosy, Monsieur Michel propose
un spectacle de travestis burlesques. Contrairement aux autres boites
gay de la ville, ici l'espace est confortable et luxeux. Mais le New
Brummel's aura une existence éphémère.
Autre
boite gay des années 80, "le
Spartacus",
19 rue du Marais Vert aura du mal à fidéliser une clientèle tant la
concurrence est rude à cette époque, il disparaîtra après un changement
de nom (Why-Not).
A
la fin des années 80, comme à Paris, la clientèle homosexuelle est de
plus en plus tolérée dans des établissements non communautaires.
Certains bars et boites de nuit jouent sur le mélange des clientèles
homo et hétéro. C'est
incontestablement les nouveaux petits bars pour la jeunesse derrière la
cathédrale qui parviendront à optimiser ce mix des clientèles, puisque
les homos de la ville aiment à se retrouver "Aux Aviateurs", au
milieu du showbizz local et de la jeunesse branchée strasbourgeoise. Un
peu plus loin, un bar un peu plus intimiste, "le Nid d'Espions",
réussit aussi ce mélange de clientèle. A l'image du
Palace à Paris, le "Studio 80",
79 Grand Rue, tentera ce mélange dans le cadre d'un ancien cinéma, dès
le début
des années 80. Ce sera ensuite "le
Loft",
dans la rue des magasins en pleine réhabilitation, qui ouvre en 1984
avec sa discothèque, sa salle de spectacles et sa clientèle hétéro-homo
mélangée. Une autre boite du centre ville, "le 56",
rue du Jeu de Enfants, sera aussi très gay-friendly avant de prendre le
nom "Le Privilège"
et de se proclamer "la discothèque gay de
Strasbourg".
En 1988, "Le Bronski",
bar branché, ouvreau 8 rue du Faubourg de Pierre, à proximité des
quais. Ilchange de propriétaire en 1989 pour devenir le "Bronsky Bis".
L'ambiance y est festive. "Le
Spart",
bar discothèque, ouvre, lui, en mars 89. Il est dû à l'initiative de la
direction de l'Oasis Club Sauna.
Ambiance festive au Bronsky Bis
LES
RESTAURANTS.
S'il
n'y a pas de restau exclusivement gay à Strasbourg dans les années 80,
beaucoup d'homos tiennent des établissements et offrent un accueil
gay-friendly. Le proverbe dit que dans les restaurants français il y a
la qualité, dans les restaurants allemands il y a la quantité et dans
les restaurants alsaciens, il y a la quantité et la qualité. En plus de
cela, dans les restaurants gay-friendly strasbourgeois il y a aussi la
convivialité. "Le Coin
du Feu", juste à coté de la cathédrale propose des
spécialités alsaciennes à des prix très démocratiques. "Les Pieds dans le plat",
ouvert en 1984 dans le quartier de la Krutenau par Michel et Philippe,
propose, lui, des spécialités de poisson. D'autres adresses, comme "l'Ancre d'Or" à
Bischeim ou quelques pizzeria du centre ville où les serveurs sont tous
de la maison, font aussi l'affaire pour les rencontres.
Du coté des gastronomiques, "Le
Dauphin" sur la place de la cathédrale est à l'époque une
des meilleures adresses de Strasbourg et le service est aussi
"complice".
LES
SAUNAS. 'L'Oasis
Club Sauna", le premier sauna gay de l'Est,
deviendra
en 1983 "l'Olympic
Club Sauna" pour redevenir à nouveau "l'Oasis Club Sauna"en
1987.
Il est exclusivement masculin mais organisera, durant quelque temps,
une soirée par semaine exclusivement féminine. L'homo alsacien peut
enfin goûter aux plaisirs du hammam, du sauna
finlandais et du jakuzzi, voire à d'autres plaisirs... Il
sera suivi par un deuxième établissement
qui alternera les journées mixtes et les journées homo : "Antinoos", 2 place du
Faubourg de Pierre.
LES
LIEUX POUR LESBIENNES.
Coté lesbiennes, le centre de gravité des années 80 s'appelle "la Lune Noire",
14 rue des couples. Mi local associatif, mi bar, la Lune Noire est
réservée exclusivement aux femmes, féministes et majoritairement
lesbiennes.
KEHL.
On ne peut pas terminer ce tour d'horizon des établissements pédés des
années 80 à Strasbourg sans parler de Kehl, la ville allemande qui
complète l'agglomération juste de l'autre coté du Rhin. "L'Inka Club"est
le disco-klub de la ville à l'ambiance très germanique et plus
délurée qu'à Strasbourg, mais surtout avec une plus grande mixité entre
jeunes et vieux et des prix plus abordables qu'en France. Néanmoins,
dans les années 80, Kehl cesse d'être le lieu de perdition des
Strasbourgeois en grande partie parce que Strasbourg commence enfin à
se décoincer. La liberté de m½urs dont jouissaient les Allemands vingt
ans avant nous a gagné la France. Les sex-shop sont maintenant
autorisés en France, et si les bordels ne le sont toujours pas, les
relations sexuelles homos comme hétéros, se simplifient.
LIEUX
DE RENCONTRE EN EXTERIEUR.
Concernant la drague extérieure, les quais de l'Ill connaissent
toujours autant de succès, notamment le quai Finkmatt et sa tasse
historique et le bosquet derrière l'église Saint Pierre, la rue Saint
Arbogast toute proche, recevant plutôt les prostitués. Le Parc de la
Citadelle attire de plus en plus les rencontres nocturnes. Mais les
agressions y sont nombreuses. A la belle
saison, les strasbourgeois se retrouvent aux Gravières avec ses plages
naturistes. Les 2ème et 5èmes gravières sont les plus fréquentées par
les homos. Enfin, la Place Blanche est plus propice à la prostitution.
A MULHOUSE
LES BARS
- Le Franklin bar
2-4 rue du Fer
- Le Piano Zinc
41 rue des Trois Rois
LES DISCOTHEQUES
- Le Crazy
- Le Chic
LES SAUNAS
- Latitude Club Sauna Tea Room
27a rue du Rhône - Saint Louis
LES
ASSOCIATIONS
- Groupe de Libération Homosexuelle
- Expression Gai
65 rue du Lieutenant Jean de Loisy
::
LES LIEUX
DES ANNEES 80
A MULHOUSE.
Au
début
des années 80 les gais mulhousiens n'ont que les parcs et les
pissotières pour draguer. Malgré ses 200 000 habitants, la ville ne
possède pas d'établissement gay. Après la discothèque "le Doyen" (voir
années 70), il y a bien eu quelques tentatives : Les discothèques "La Péniche", comme "Le Delta Queen", 91
rue de Flandre, ont
organisé quelques soirées gay et il y a même eu une très éphémère boite
gay : "Le Crazy"
avec des spectacles de travestis. En attendant, les gays mulhousiens se
distraient à Bâle (30 km) avec ses 3 cafés (Elle et Lui, Sombrero 1, White
Horse), ses 2 saunas (Mawi
Club, Discus), ses 2 boites (Sombrero
2 et Isola Club) et sa
librairie gay (Arcados).
Sinon, une habitude est prise de se réunir les 1er et 3ème mardis du
mois à 19h30 au "Café
des Dolomites",
31 avenue de Colmar, sans que l'établissement ne soit gay. Coté restau,
c'est pas les adresses qui manquent, mais là aussi, la discrétion reste
la règle car les autres clients ne supporteraient pas d'entendre des
conversations de "arschflicker" (insulte homophobe signifiant grosso
modo "défonceur de trou du cul" en Alsacien). Les gays ont une
préférence pour "la Tête
de Chou", 10 rue des Trois Rois, "le Rugala", 29 rue
de Nordfeld, "Chez Maria"
15 rue Madeleine, "Au
Vieux Paris", 42 av Schuman ou "Zum
Mehlala" 7 rue
d'Illzach. A défaut d'autres organes, l'estomac est toujours gâté en
Alsace.
Ce n'est qu'au
milieu des années 80 que la vie gay commence à se réveiller vraiment et
à être visible à Mulhouse. Patrick ouvre en 1984 un piano bar, "le Piano Zinc"
fréquenté par les homos de la ville, mais pas uniquement. Puis il ouvre
un café-concert, "le
Franklin Bar",
2-4 rue du Fer. Il sera plus tard, dans les années 90 et 2000,
l'initiateur de nombreux établissements gay ou gay-friendly, du "New
Zinc", passage du Théâtre puis du "K", de "la Movida",
"l'Open
Café" et du "Parnass".
Une autre discothèque "Le
Chic" accueille aussi les gays et propose des spectacles
de transformistes. Malheureusement elle fermera suite à la disparition
pématurée de son patron, Gégé.
S'il n'y a pas encore de sauna gay à Mulhouse, le sauna "Latitude Club Sauna Tea Room"
ouvre en 1984 à Saint Louis (près de l'aéroport) et propose des
journées pour mecs exclusivement les
mercredis, samedis et dimanches.
La parc Salvador et les jardins devant la gare restent les zones de
drague gay. Quelques nostalgiques trainent encore aussi au parc
Steinbach ou dans les dernières tasses de la ville avant leur
remplacement par des sanisettes.
::
LES LIEUX DES ANNEES 80 DANS LE RESTE DE L'ALSACE. Les
deux grandes villes alsaciennes étant très prudes et prudentes, le
reste de l'Alsace, même si les paysages et villages sont d'une grande
beauté, reste un désert total pour les gays.
La préfecture du Haut-Rhin, Colmar, est une ville moyenne où
l'homophobie est une institution. Il n'y existe aucun établissement gay
à cette époque.
La vie sociale de Colmar est très compartimentée et on ne se mélange
pas. Les bourgeois restent avec les bourgeois, les ouvriers avec les
ouvriers, les protestants avec les protestants, les catholiques avec
les catholiques, les juifs avec les juifs, les musulmans plutôt
ailleurs, et les pédés qui n'hésitent pas à transgresser ces règles en
copulant sans distinction de caste, ils représentent le mal absolu. A
cette époque à Colmar, chaque communauté a ses cafés, ses magasins, ses
fêtes, etc... L'esprit communautaire, très replié sur soi, qui a
toujours caractérisé l'Alsace, s'est concentré à Colmar quand les deux
autres villes ont amorcé un début d'ouverture au monde. Mais ce
communautarisme alsacien poussé à l'extrême, s'il peut intégrer les
minorités, comme les juifs par exemple, se refuse totalement à admettre
une visibilité homosexuelle. Pourtant il y a autant d'homosexuels à
Colmar que partout ailleurs dans le monde. Le maire de l'époque refuse
toute ouverture de discothèque ou de bar de nuit dans sa ville, et
n'imagine pas une seconde qu'elle puisse en outre avoir une orientation
homo. Alors que font les gays colmariens s'ils veulent rencontrer
d'autres homos ? Il vont à Strasbourg ou à Bâle ou mieux, à Freiburg im
Breisgau, la ville allemande juste de l'autre coté du Rhin où ils
peuvent trouver un bar (Alte
Münz), une boite (Chez
Monsieur) et un sauna (Sauna
Thermos).
Maintenant pour celui qui veut prendre le risque de draguer à Colmar il
existe bien un lieu de drague extérieur : La Parc Rapp, autour de la
fontaine. Il pourra peut-être trouver l'âme s½ur, entre les loubards et
la police dont l'½uvre de salubrité est légitimée par
l'homophobie institutionnelle.
AMAZON.FR
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recherches sur Amazon.fr
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années 80 - sélectionnés sur Amazon.fr :
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Titres gay cultes des
années 80
sélection Hexagone Gay :
- Les
archives, souvenirs personnels et témoignages recueillis par l'auteur
du site Hexagone Gay.
- Les guides Spartacus
- Les guides Incognito
- Les guides Gai Pied
- La revue Gai Pied
- La revue Homophonies
- La revue Gay International (GI)
- Les guides du Petit Futé
- Le Strassbuch
- Hebdoscope
- Hep Alsace Lorraine
- Homochronique le journal du CHS Strasbourg
- Remerciements : Centre LGBT Paris Ile-de-France
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