Comme
dans la plupart des grandes villes françaises, les homosexuels nantais
des années 30 disposaient d'un circuit de rencontres clandestines.
Jean-Louis a recueilli en 1998 le témoignage de Maurice qui a
vécu à Nantes dans les années 30 et qui a livré ses souvenirs de drague
à Nantes juste avant la seconde guerre mondiale. Nous
avons reconstitué, d'après ce témoignage, la géographie des
lieux
interlopes nantais des années 30 et vous proposons également de
découvrir le court mémoire rédigé par Jean-Louis résultant de sa
rencontre avec Maurice (Rencontre
avec Maurice) ainsi qu'un récit
fiction situé dans le Nantes de la Libération et largement inspiré des
souvenirs de Maurice qui a redécouvert sa ville après la guerre
(Promenade en ville).
A NANTES
LES CAFES
- La Brasserie de l'Univers
place Graslin
LES BALS
- Le Bal de l'Hôtel de Bretagne
rue de Strasbourg
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NANTES DANS LES ANNEES 30.
Si
Paris
dispose de nombreux établissements fréquentés uniquement par une
clientèle homosexuelle, dans les villes de région des années 30,
l'essentiel des rencontres se déroule à l'extérieur. S'il existe bien
des cafés où se
retrouvent les homosexuels, ils sont généralement ouverts à tous
publics et
les rencontres se font discrètement à travers quelques codes et signes
de reconnaissance. Les bars spécialisés sont systématiquement fermés
par la police et n'ont donc qu'une existence brève et discrète.
A Nantes, le lieu de rendez-vous préféré des homosexuels est une
brasserie de la place Graslin, juste en face du théâtre. A deux pas de
la célèbre brasserie de la Cigale, la "Brasserie
de l'Univers"
attire tout ce que Nantes compte de messieurs en quête d'une rencontre.
Comme partout, l'approche reste difficile quand on ne connaît personne,
mais un ½il exercé arrive facilement à discerner les penchants de
certains consommateurs du bar dont l'attitude ou l'apparence trahit
discrètement quelques prédispositions sans ambiguïté. Le contact est
plus facile une fois qu'on a son petit cercle d'amis et des groupes
d'habitués fréquentent la Brasserie de l'Univers tout en faisant
toujours preuve d'une discrétion extrême. Le bouche à oreille reste le
meilleur vecteur de communication et la meilleure façon de d'élargir
son cercle d'amis.
S'il
n'existe pas à Nantes de dancing ou de cabarets spécialisés, une fois
par an les Nantais ont le droit de se libérer. Lors de la mi-carême,
seul jour de l'année ou le déguisement et le travestissement sont
autorisés en France, les homosexuels nantais se retrouvent en jupes et
frou-frou
au "bal de l'hôtel de
Bretagne",
rue de Strasbourg. Comme au Magic City à Paris, le bal de l'hôtel de
Bretagne à Nantes autorise, une fois par an, toutes les excentricités y
compris la danse entre personnes du même sexe puisque le
travestissement permet de pousser la dérision à l'extrême.
Mais
dans les années 30, l'essentiel des rencontres se fait en plein air.
Comme dans presque toutes les villes du monde, les urinoirs publics
restent le lieux de convergence de tous les homosexuels. Nantes est
dotée de très nombreuses pissotières à travers toute la ville. La plus
courue de toutes est située sur le Cours Saint Pierre derrière la
cathédrale. Mais l'ensemble du Cours et le quartier avoisinant, dès la
nuit tombée, deviennent des lieux de rencontres très prisés. De la
colonne Louis XVI aux fossés du château des Ducs de Bretagne, ce ne
sont pas les endroits sombres et discrets qui manquent. Ce quartier
dont le passé homosexuel est probablement très ancien restera pour très
longtemps l'épicentre des rencontres gay nantaises. A partir
des années 80, les tasses disparaîtront comme partout, mais la drague
se poursuivra dans le quartier et se déplacera un peu plus bas jusqu'au
square Elisa Merc½ur.
Enfin, même si Nantes n'est pas Toulon, dans les années 30 son port est
encore très actif et comme dans toutes les villes portuaires,
la
prostitution est très développée en raison de la présence de nombreux
marins. Les bordels nantais sont concentrés à cette époque dans les
petites venelles qui débouchent sur le quai de la Fosse, la rue des
Trois Matelots, la rue des Marins et la rue d'Ancin. Les
maisons
closes avaient pour nom "A l'Aéroplane", "Le Cyrano", "La Demi-Lune",
"La Girondine", "le Vert Galant", "l'Abbaye" ou encore "La Patte de
Chat". Certaines d'entre elles n'hésitaient pas à proposer des garçons
à leur clients même si cette pratique restait rare et exceptionnelle.
Mais les rencontres avec les marins pouvaient aussi se faire sur les
quais et en particulier le quai de la Fosse qui ne manquaient pas
d'endroits sombres, isolés mais aussi
dangereux.
Voir aussi : Rencontre avec
Maurice et Promenade en ville
de Jean-Louis.
La salle
des fêtes de l'Hôtel de Bretagne à Nantes
Le Cours
Saint Pierre
La
mi-carême à Nantes, prétexte au travestissement.
>
Sélection Hexagone Gay de chansons homosexuelles des années 30 :
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les extraits
RESSOURCES
EXTERNES ET REMERCIEMENTS
-
Les souvenirs personnels de Maurice, receuillis en 1998 par
Jean-Louis.
- Iconographie : Collections privées de cartes postales anciennes
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