Assassinat d'Oscar Dufresne, le Directeur du
Palace.
- 1934
Le
préfet de police de Paris fait fermer les établissements où les hommes
dansent ente eux et oblige les théâtres à allumer les promenoir où
draguent les homosexuels.
- 3 mai 1936
Le Front populaire arrive au pouvoir.
- 21 juin 1937
Fin du Front populaire.
- 3 septembre 1939
La France déclare la guerre à l'Allemagne
::
L'AGE D'OR DE L'HOMOSEXUALITE ?
A Paris, les années 30 sont des années de légende pour les homosexuels.
Même si la société leur est encore globalement défavorable, les
cabarets et établissements pour homosexuels fleurissent dans la
capitale où il existe d'ailleurs aussi de très nombreux établissements
réservés aux lesbiennes.
Vu avec l'½il d'aujourd'hui, il est difficile de comprendre pourquoi
les homosexuels ont choisi de se marginaliser en créant une société
parallèle, ce que l'on appellera plus tard "un communautarisme". C'est
simplement parce qu'ils n'ont pas
choisi. Il était impossible à l'époque de faire des rencontres entre
personnes du même sexe en dehors de ce circuit sans risquer d'être
rejeté, banni, de perdre son emploi, d'être fiché par la police,
d'avoir des ennuis avec la justice ou d'être l'objet de chantages
divers. Les homosexuels ont juste élargi leur périmètre en rendant
leurs lieux de rencontre plus nombreux et plus ouverts, du moins à
Paris. En région, si certains établissements spécialisés existent, ils
restent encore totalement cachés et réservés aux habitués et à ceux
qu'ils patronnent. Vu avec le recul, les années 30 paraissent donc être
des années de liberté, d'insouciance et de fête pour les homosexuels
qui pouvaient même parfois s'affranchir du modèle familial imposé par
la société. Cette vision idyllique focalisée sur les spectacles de
travestis et les artistes homosexuels est une vision très réductrice.
L'homosexualité reste encore très difficile à vivre pour la grande
majorité des homosexuels et en particulier dans les régions. Les rafles
de police dans les lieux de drague et dans les bars sont quasi
quotidiennes, même à Paris. Les agressions anti-homo, le chantage,
l'envoi des adolescent chez le psychiatre quand ce n'est pas leur
enfermement restent encore fréquents. Et s'il
existe des îlots de liberté, ils restent fragiles. L'exemple de Berlin
est significatif. En moins d'un mois, la capitale allemande est passée
de
plusieurs centaines d'établissements homos à zéro (cf
ci-dessous). Les années 20 et les années 30 seront donc une
parenthèse entre les 2000 ans de buchers et les persécutions
des années 40 ;
une nouvelle
chape de plomb va s'abattre sur les homosexuels.
::
L'AGE D'OR DES TRANSFORMISTES.
Si
les artistes transformistes ne peuvent pas être dissociés de la
subculture homosexuelle, il faut bien reconnaître que durant les années
30, ils en étaient les figures les plus visibles et les plus
populaires. Toutes les capitales avaient leurs transformistes célèbres
et certains menaient une carrière internationale et connaissaient un
succès sans précédent. Le plus célèbre d'entre eux, auquel le vocable
"travesti" convient mieux, fut "Barbette". De son vrai nom Van der
Clyde Broodway, cet américain, né en 1899, est avant tout un talentueux
trapéziste, ou plutôt chorégraphe et danseur sur trapèze. Il produit
son numéro habillé entièrement en femme et absolument rien dans sa
grâce féminine ne laisse entrevoir qu'il est un homme. Après avoir
exécuté un numéro très sensuel, il redescend sur scène pour saluer son
public et retire sa perruque. Après un silence de surprise, le public
s'embrase et lui fait une ovation. Barbette tourne avec le cirque
"Barnum" et aura l'occasion de passer à plusieurs reprises à Paris.
Jean Cocteau publiera un livre sur cet artiste, intitulé "Numéro
Barbette". A part en Angleterre où son homosexualité lui posera
quelques problème avec la justice et où il ne mettra plus les pieds,
Barbette tournera en Europe et aux Etats Unis avec un succès sans cesse
renouvelé.
A Paris, plusieurs transformistes se font également un nom. O'dett est
la figure de Montmartre. Après s'être produit dans plusieurs cabarets
de la capitale, il créera son propre établissement "Chez O'dett" (cf Paris années 30).
Les cabarets de travestis vont se multiiplier et s'ils sont animés par
des artistes transformistes, la clientèle y vient aussi en tenue. Le
travestissement n'étant en principe toléré qu'un seul jour par an, à la
mi-carême, en 1934, le préfet de police va multiplier les descentes
dans les bars et cabarets et emmener au poste tous ces messieurs en
costume féminin. Ils ne pourront ressortir qu'à condition qu'on leur
apporte un costume masculin et qu'ils rennoncent à leur
travestissement. Des pressions seront également exercées sur les bars
et cabarets recevant des travestis : interdiction de l'autorisation
nocturne, interdiction de diffuser de la musique. Ces mesures auront un
effet rapide, mais n'empêcheront pas le travestissement de continuer à
se développer à Paris.
Affiche de
l'artiste Barbette
Couverture
de la revue Voilà - 1932
Barbette
photographiée par Man Ray
:: L'OBSCURANTISME
APPARAIT EN
ALLEMAGNE AVANT DE S'ETENDRE A L'EUROPE.
La
crise de 1929 va avoir des répliques dramatiques sur les économies
mondiales et par voie de conséquences sur les régimes politiques qui
vont être remis en cause. C'est en Allemagne que le premier séisme
apparait avec la chute de la République de Weimar. Le 30 janvier 1933,
Hitler
arrive au pouvoir. Dès
février 1933, la totalité des nombreux bars et cabarets homosexuels de
Berlin fait l'objet de rafles policières suivies de fermetures
définitives. Le
mouvement de Magnus Hirschfeld, le WhK est interdit comme toutes les
associations homosexuelles du pays dès le 23 février 1933. La plupart
de ses
membres sont arrêtés, dont le successeur de Hirschfeld à la direction
de l'Institut pour la Recherche Sexuelle, Kurt Hiller, qui sera parmi
les premiers déportés
en camp de concentration le 7 mars 1933. Magnus Hirschfeld, en voyage à
l'étranger à ce
moment, est épargné. Il se réfugie à Paris puis, en 1934, s'installe à
Nice. Le 6 mai 1933, l'Institut pour la Science Sexuelle (cf années 20)
est saccagé par les jeunesses hitlériennes et les 20 000 livres qu'il
abritait sont brûlés en public sur la place de l'Opéra. Certains
homosexuels avaient cru que le nazisme pouvait leur être favorable avec
le culte de la virilité exacerbée et des mouvements homosexuels de
droite comme la "Gemeinschaft der Eigenen" (La Communauté des Spéciaux)
qui avait soutenu la SA (Sturmabteilung) et son chef, homosexuel
déclaré et proche d'Hitler, Ernst Röhm. La SA, section d'assaut, est
une organisation paramilitaire qui a permis à Hitler durant les années
20 et 30 de défendre son mouvement et d'accéder au pouvoir. La nuit du
29 au 30 juin 1934, dite "la Nuit des Longs Couteaux", Hitler fait
assassiner les principaux dirigeants de la SA et arrêter un millier de
ses membres. Près d'une centaines de SA vont être assassinés dont Röhm,
exécuté dans sa cellule. Hitler déclarera qu'il a été exécuté pour
homosexualité. Le message est clair pour la communauté homosexuelle.
Ils vont être considérés comme "criminels contre la race". Le §175 qui
criminalisait l'homosexualité est renforcé, mais le lesbianisme en est
toujours exclu. Le seul fait d'avoir un désir homosexuel, même s'il
n'est pas concrétisé, est condamnable. Désormais, la plupart des
homosexuels arrêtés au titre du §175, sont déportés en camps de
concentration. Les premières listes sorties des archives de la police
allemande répertorient près de 100 000 homosexuels fichés dans le pays.
Contrairement aux juifs, il n'est pas fait état de solution finale et
d'éradication totale des homosexuels, puisque leur renouvellement se
fait systématiquement à chaque génération. En revanche les
scientifiques nazis sont mis à contribution pour trouver des solutions
médicales à l'homosexualité. Les homosexuels arrêtés sont soumis comme
cobayes à des expériences médicales : castrations, implantations de
glandes synthétiques, injections massives d'hormones. Les cas
incurables qui ont résisté aux expériences sont simplement envoyés en
camp de concentration dont très peu reviendront.
Magnus Hirschfeld tentera de reconstituer, en vain, son
Institut
pour la Science Sexuelle à Nice. Il mourra d'une crise cardiaque, dans
cette ville, le jour
même de ses 67 ans, le 14 mai 1935. Ses travaux seront les seuls,
parmi ceux de ses contemporains sur l'homosexualité, à rester d'une
incroyable actualité près d'un siècle plus tard. Hirschfeld considérait
que 90 % de ses concitoyens seraient favorables à la fin des
discriminations envers l'homosexualité s'ils étaient simplement
informés objectivement de la réalité des homosexuels. C'est la bêtise,
l'ignorance et un instinct primaire de haine de l'autre qui vont
empêcher cet homme de faire aboutir son ½uvre. C'est la barbarie nazie
qui va faire perdre à la société allemande, puis européenne, près de 80
ans de progrès sociaux, de tolérance, de respect des droits de l'homme
et ce n'est que dans les années 2000 que les mouvements homosexuels
vont peu à peu obtenir une égalité devant la loi, non sans anéantir
totalement les vieux démons toujours prêts à ressurgir de l'ignorance
ou de la misère qui a besoin de boucs émissaires.
:: LES REVUES DE CULTURE PHYSIQUE
ET DE NATURISME.
Il n'existe plus aucune revue à destination des
homosexuels en France depuis la disparition d'Inversions en 1925. Dans
les années 30, les homosexuels se rabattent sur les revues de
culturisme
ou de naturisme. A une époque où la censure est très vigilante, ces
revues présentent des corps musclés dans des poses souvent suggestives,
mais évidemment, de manière chaste. Sous couvert de promotion du sport
ou du retour à la nature, "La Culture Physique" ou "Naturisme" vivaient
essentiellement des ventes faites auprès des homosexuels. Il n'existe
aucune presse pornographique et la nudité complète est totalement
interdite de représentation. On ne peut pas montrer de fesses, de poils
et encore moins de sexe. Evidemment, il existe bien quelques photos
pornographiques ou de nu intégral qu'on se passe sous le manteau, mais
elles restent totalement interdites.
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les extraits
RESSOURCES
EXTERIEURES
::
Sources :
::
Sites internet :
- Didier Eribon, Dictionnaire
des Cultures Gays et
Lesbiennes, Larousse, 2003
- Collectif, Dictionnaire
de l'Homophobie, Puf, 2003
- Jean-Louis Chardans, History and
Anthology of Homosexuality, British Group
of sexological Research
- Régis Revenin, Homosexualité
et prostitution masculines à Paris 1870-1918, L'Harmattan,
2005
- Pierre Hahn, Nos
ancêtres les pervers, 2006
- Florence Tamagne, Revue
d'Histoire moderne & Contemporaine, Belin, 2006
- Collection privée de cartes postales.
- Gilles Barbedette et Michel Carassou, Paris Gay 1925,
Editions Non Lieu, Paris, 2008
- Les
Homosexuels -in le Crapouillot n°30 - août 1955
- Archives photographiques de la revue "Voilà" de 1932 - Collection
privée.
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