:: L'AMENDEMENT MIRGUET.
C'est en 1960 qu'un membre du Conseil Municipal de Metz, par ailleurs
député, associera son nom à un amendement homophobe, classant
l'homosexualité au rang des fléaux sociaux. Paul MIRGUET réussit à
faire voter par le Parlement français son amendement et les homosexuels
auront à souffrir de l'article 330 alinéa 2 du Code Pénal jusqu'en
1982. Avec le recul des années, ce personnage qui passa à l'époque
probablement pour un sauveur de notre jeunesse en perdition est associé
aujourd'hui à l'image honteuse du racisme et de la ségrégation héritée
du moyen âge.
:: JEAN
COCTEAU A METZ
C'est en 1962, à 73 ans, un
an avant sa mort, que Jean Cocteau est de passage à Metz. Il vient de
signer les décors et les costumes de "Pelléas et Melisande" joué au
théâtre de Metz. A l'opposé des décors traditionnels en carton-pâtes,
les décors de Cocteau sont en tulle gris et en meubles imitant l'acier.
Mais s'il n'y a pas plus éphémère qu'un décor de théâtre, Cocteau
laissera à la ville de Metz en cette même année 62, une richesse moins
éphémère quoique aussi fragile : les vitraux de l'église Saint Maximin
dans le quartier Outre-Seille.
Une femme en armes, les symboles du christianisme tels que la croix, la
colombe, les poissons, la barque, mais aussi des symboles maçonniques
tels qu'une équerre ou un fil à plomb et des visages au milieux des
arbres des fleurs et des feuillages... Chacun y trouvera son
explication. En 1965, L'Ensemble Dramatique de Metz, tout juste créé,
mettra en scène Cocteau.
A METZ
LES DISCOTHEQUES
- Le Kilt-Club
2 rue Haute Pierre
- Le Cléris
18 rue des Clercs
:: LES ANNEES 60 A METZ.
LES
BARS - LES DISCOTHEQUES.
Les années 60
voient
l'apparition des premières discothèques en France. Le quartier de la
rue Saint Anne devient le quartier gay parisien.
A Metz, quelques lieux sont également fréquentés par une clientèle
homos au début des années 60 : Une des premières discothèques de Metz, "le
Kilt",
située au 2 rue de la
Pierre Hardie est tenue par un "sympathisant", André Amard dit Dédé. La
clientèle n'y
est pas exclusivement gay et la discrétion est encore de mise. Dédé
Amard, qui est par ailleurs décorateur, a habillé les murs de sa boite
de bois exotique sculpté. La particularité de l'endroit est qu'il est
situé au rez-de-chaussée de la maison natale de Paul Verlaine. Juste
retour de l'histoire. Les homos messins des années 60 se retrouvent
aussi dans une cave de jazz fréquentée par les
étudiants et qui donnera naissance en juillet 1972 au Caveau des
Trinitaires, dans la rue du même nom.
Mais le
premier vrai bar homo
messin de l'après guerre, et déclaré comme tel, ouvre vers la fin des
années 60 rue des
Clercs : "Le
Cléris".
Pour entrer au Cléris, il faut sonner devant une lourde porte de bois à
lucarne. Exercice difficile quand on sait que la rue des Clercs est une
des rues les plus fréquentées de Metz. La lucarne s'entrouvre, et si
vous êtes un habitué, la porte fait de même. Avant de devenir un
habitué, il faut être "patronné" (pour ne pas dire introduit) par un
client qui connaît l'établissement. Le Cléris est tenu de main de
maître par une charmante dame dénommée "Mona", d'ailleurs par soucis de
discrétion, les homos ne disent jamais "hier, j'étais au Cléris", mais
plutôt "hier j'étais chez Mona". Mona est la femme d'un célèbre
marchand de sandwichs de la ville, elle est secondée par son fils, très
discret et peu bavard, au
bar et par son neveu, Hector, qui assure à lui seul le spectacle de
travestis du week-end. La clientèle est exclusivement masculine. Un
très grand comptoir occupe la majeure partie de l'établissement tout en
longueur. De petits box noyés au milieu des tentures, des frou-frou et
autres paillettes accueillent les garçons qui se libèrent de
l'oppression de l'époque en étant simplement eux-même pour beaucoup ou
par humour et dérision pour d'autres : on s'appelle par des noms
féminins, on pousse des gloussements, on se déhanche. Certains se
travestissent ou se maquillent, d'autres s'habillent de manière
provocante. Mais tout cela se fait dans une ambiance bon enfant. Le
Cléris restera longtemps à Metz, le lieu de
rendez-vous des homosexuels qui s'assument. Les soirées y sont parfois
chaudes mais toujours délirantes et sans ambiguïté.
LES LIEUX DE RENCONTRE EN EXTERIEUR.
Si les homosexuels qui s'assument n'hésitent pas à franchir la porte
des premiers établissements spécialisés, la majorité d'entre eux
préfèrent encore ne pas prendre le risque d'être surpris dans un
établissement homo, d'autant plus que les contrôles de police y sont
encore nombreux. Ils le sont encore plus dans les pissotières mais
l'alibi est plus facile à défendre. Les tasses messines continuent donc
de bien fonctionner : Comédie, Sablon, Bon-Secours (avenue de Verdun),
gare, marché couvert...
A NANCY
LES RESTAURANTS
- Le Bénélux
rue Gustave Simon
:: LES ANNEES 60 A NANCY.
Avant les années 70, la drague homo à Nancy se
concentraient essentiellement dans les parcs et pissotières de la
ville. Le Cours Léopold et
la Place
Carnot
étaient déja des lieux très fréquentés par les homosexuels le soir et
ils étaient, à l'époque, encore dotés de pissotières.
Mais la tasse de la pépinière ou les toilettes du Marché couvert
avaient
aussi leurs adeptes dans la journée.
Les premiers établissements ouvertement gay de Nancy ont vu le jour à
la fin des années 60 et au début des années 70.
En 1969, Jean-Pierre
Humblot, dit Jeannnot, un meusien ayant un certain
goût pour le travestissement et les tenues excentriques ouvre un petit
restaurant rue Gustave Simon : Le Bénélux. Sa
mère est au fourneaux, il est en salle. Très vite, le Bénélux devient
l'endroit le plus original de Nancy. Les étudiants y côtoient les
bourgeois, on y vient pour passer une bonne soirée. Jeannot y fait
chaque soir son show... rien d'organisé, pas un spectacle, mais
simplement en étant lui-même, avec sa bonne humeur et son excentricité.
Il accueille les clients avec son accent mi-nancéien mi-meusien et
branche un vieux pick-up qui débite les tubes de l'époque : Dalida,
Annie Cordy, Patachou. Entraîné par la musique, il chante et danse,
oubliant parfois son service et laissant les plats refroidir à la porte
de la cuisine. C'est sa mère qui le rappelle alors à l'ordre en sortant
sa tête de la cuisine et en lui demandant d'arrêter de faire le zouave.
La cuisine est assez quelconque, mais le duo entre Jeannot et sa mère,
le vieux pick-up, le décor totalement kitsch, les tenues excentriques
et les tubes du genre "Brigitte Bardo, Bardoooo" ou "Riquita, jolie
fleur de Java" font qu'on se bousculera durant toutes les années 70 et
80 à l'entrée du Bénélux. Jeannot tiendra son restaurant jusqu'en 1984.
Il sera assassiné par des homophobes en 2003.
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