PARIS
DANS LES ANNEES 10.
La Belle Epoque va se terminer tragiquement avec la première guerre
mondiale. La France va se trouver au centre de ce conflit avec
l'Allemagne et perdre 1, 4 millions d'hommes sur les fronts
de la
Meuse, des Ardennes ou de la Picardie, mais Paris ne sera pas envahie.
Cette guerre va marquer une parenthèse dans l'évolution des m½urs
entamée au début du siècle. La plupart des hommes valides seront
mobilisés, laissant les femmes gérer les affaires et ce sont elles
aussi qui feront tourner les usines. La société misogyne du XIXème
siècle va entamer une lente prise de conscience sur la place de la
femme. A Paris, beaucoup d'entreprises sont perturbées par la
mobilisation. Le milieu de la nuit restera néanmoins actif et la
prostitution, y compris masculine, sera un élément du maintient du
moral des troupes, nombreuses à transiter par les gares parisiennes.
A PARIS
LES
CAFES - BARS - BRASSERIES
- Le Palmyre
5 Place
Blanche (9e)
- Le Maurice's Bar
rue Duperré (9e)
- Le Liberty's (Chez Bob et Jean)
5 place Blanche (9e)
- Le Café de Bade
26 boulevard des
Italiens (9e)
- Le Café de la
Paix
12 Boulevard des
Capucines (9e)
- Le Café des Ambassadeurs
1-3 avenue Gabriel (8e)
LES
BALS
- Le Bal du
Saumon
Passage Ben Aïd
(2e)
- Le Bal de
l'Opéra
rue Lepeltier
(9e)
- Le Bal Wagram
(Bal des Ternes)
5 bis rue
Montenotte (17e)
- Le Bal Bullier
31-39 avenue de
l'Observatoire (14e)
- Le Bal des
Quat'z Arts
72 boulevard
Rochechouard (18e)
- Le Bal des
Tatas
rue d'Aboukir
(2e)
LES
CABARETS
- Chez Fisher
21 rue d'Antin (2e)
LES
CINEMAS
- Le Parisiana
27 boulevard
Poissonnière (2e)
LES
BAINS
- Les Bains
Sainte-Anne
63 rue Sainte Anne (2e)
- Les Bains
Voltaire
93 rue de la Roquette (11e)
- Le Bains Russes
15 rue de Vivienne (2e)
- Les Bains de
la rue des Rosiers
4 rue des Rosiers (4e)
- Les Bains
Hammam
63 rue du Cardinal Lemoine (5e)
- Les Bains
d'Angoulême
4 bis rue de la Pierre Levée (11e)
- Les Bains de
la rue d'Oberkampf
160 rue d'Oberkampf (11e)
- Les Bains de
Penthièvre
30 rue de Penthièvre (8e)
::
LES LIEUX EXTERIEURS.
Le nouveau visage du Paris du XXe siécle est à peu près stabilisé. Les
parcs, les grands boulevards et leur pissotières ne connaissent pas de
répits. Les lieux les plus actifs sont ceux fréquentés par les
militaires : Le Champs de
Mars près de l'Ecole Militaire, les
invalides, l'avenue de Breteuil,
la place Fontenoy
deviennent des lieux de prostitution masculine pour les militaires.
Mais il n'y en a pas que pour les quartiers chics. Le quartier de Pigalle voit aussi
la prostitution masculine se développer ainsi que dans le 10e
arrondissement à proximité des gares
de l'Est et du Nord. La gare de l'Est, plaque tournante
des militaires qui montent au front, propose des toilettes
particulièrement actives.
::
LES ETABLISSEMENTS DE BAINS.
Les années 10 voient une explosion à Paris des établissements de bains
fréquentés par les homosexuels. Outre la détente et la relaxation, ils
permettent aussi la consommation sexuelle non tarifée, à part quelques
établissements qui font office de bordels à garçons clandestins. Chaque
quartier possède son établissement spécialisé. Le premier établissement
de bains de la rue Sainte Anne
ouvre en 1914 : "Les
Bains Saint Anne" au n°63. A la Bastille, "les Bains Voltaire"
sont au 93 rue de la Roquette, dans le Marais, "les Bains du 4 rue des Rosiers"
se transforment en bordel à garçons, près de la République, "les Bains d'Angoulême",
au 4 rue de la Pierre Levée, et dans le 2ème, "les Bains Russes"
au 15 rue de Vivienne. "Les
Bains de Penthièvre", dans la rue du même
nom, continuent aussi leur existence et restent très populaires auprès
des homos. La plupart de ces établissements
offrent donc
des douches et des baignoires à une époque où les appartements
parisiens n'en étaient pas toujours équipés. La non mixité des lieux,
imposée par la morale chrétienne, favorisera évidemment les rencontres
homosexuelles. Certains établissements proposent des bains à vapeurs ou
bains turcs, comme les "Bains
Hammam"
du 63 rue du Cardinal Lemoine, qui dispose "d'un cabinet noir attenant
à la salle de repos". D'autres proposent un service de massage
tarifé avec des garçons de bains souvent complaisants et très actifs
moyennant un petit pourboire supplémentaire. La police, toujours
vigilante, est débordée par le phénomène et ne peut plus le contrôler,
sauf en y mettant tous ses effectifs du matin au soir, avec le risque
que les agents y prennent goût. En outre la prostitution dans
ces établissements reste exceptionnelle. Les échanges entre clients à
deux, trois ou plus sont fréquents dans le hammam mais aussi dans des
pièces sombres ou sous les douches collectives. Les pratiques
d'aujourd'hui des saunas gay sont un copier-coller fidèle des pratiques
de cette époque... le préservatif en plus.
:: LES MAISONS CLOSES.
Pour les rencontres tarifées, Paris propose toujours plusieurs bordels
à garçons dans des petits meublés : "L'
Hôtel Marigny", 11 rue de l'Arcade ouvre en 1917. "Chez Madame Lucienne",
68 rue du Chateau d'Eau, idéalement située à proximité de la gare de
l'Est est spécialisé dans les jeunes éphèbes et possède une clientèle
populaire. "L'Hôtel de
Madrid" dans le 2ème, "l'Hôtel
des Bords du Rhin" dans le 9eme sont réputés
pour leur clientèle de pédérastes. "L'Hôtel
du Mont-Blanc" dans le 4e arrondissement a une clientèle souvent
issue de la haute bourgeoisie, et il propose le même niveau de services
et de prestations que les maisons de filles des quartiers chics.
:: LES CAFES
ET LES BARS.
Les petits bars de prostitution se développent de plus belle à
Montmartre et l'épicentre de la vie gay se déplace donc un peu plus au
nord, du 9ème arrondissement vers le 18ème. Certains bars tolérant la
danse entre deux hommes, le préfet de Police de la Seine, Louis Lépine,
va prendre une ordonnance en février 1910 pour interdire la danse entre
hommes. En 1914, le bar homo de la
place Blanche, "Chez
Palmyre"
est fermé par madame Palmyre car son personnel est mobilisé pour partir
au front. Depuis quelques temps déjà, c'était Bobette (Bob Giguet) qui
animait l'établissement. Il reviendra du front en 1918 et associera en
1919 à son ami Jean d'Albret pour reprendre en main l'établissement
qu'on appellera désormais "chez
Bob et Jean", alors que le nom qu'ils lui choisiront est : "Le Liberty's".
Le Lyberty's sera pour quelques décennies l'épicentre de la vie gay
montmartroise mais aussi parisienne, il sera aussi le premier cabaret à
proposer un spectacle e travestis.
En
1914, la rue d'Antin, à Montmartre, se dote aussi d'un nouvel
établissement homosexuel : "Chez
Fisher".
Son propriétaire, Nelson Fysher, est un turc naturalisé anglais,
auteur compositeur de nombreuses chansons. Tout naturellement il fera
de son établissement un cabaret chic et snob ouvert de minuit à 2
heures du matin et proposant chaque soir un tour de chant. Les chemins
de l'homosexualité et de la prostitution commencent enfin à se séparer
même si ces établissements, conviviaux et festifs, restent encore
minoritaires.
Enfin, pour une fois, les femmes et en particulier les lesbiennes
sortent aussi des circuits de prostitution hétérosexuelle pour se
retrouver entre elles dans une ambiance de salon mondain. Nathalie
Clifford Barney a ouvert en 1909 son salon littéraire, "l'Amazone" au
20 rue Jacob, rive gauche. Elle y reçoit des intellectuelles et des
dames du monde autour d'un thé et des collations. Parfois elle organise
des fêtes dans le jardin atenant. Ce salon recevra toutes les auteures
lesbiennes du siècle.
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DVD sur les années 10 - sélectionnés sur Amazon.fr
- Didier ERIBON, Dictionnaire
des Cultures Gays et
Lesbiennes, Larousse, 2003
- Florence TAMAGNE, Revue
d'Histoire moderne et contemporaine, Ecrire l'histoire des
homosexualités en Europe : XIXe - XXe siècles. tome 4,
Editions Belin, 2006
- Jean-Louis CHARDANS, British group
of sexological research, History and antology of homosexuality,
histoire et anthologie de l'homosexualité, Centre d'Etudes
et de Documentations Pédagogiques Paris, 1970
- Pierre DELCOURT,
Le Vice à
Paris, Edition A. Piaget, Paris 1887.
- Iconographie : Collection privée de Cartes Postales.
- Remerciements à Eric pour ses précisions sur les
adresses parisiennes.
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