PARIS
DANS
LES ANNEES 60.
Saint Germain des prés est au top de sa gloire dans
le monde de la vie
nocturne et a définitivement remplacé Montmartre
parmi les quartiers
préférés des homosexuels. Les années 60 voient aussi
les discothèques
supplanter les dancings et les microsillons
remplacer les orchestres
dans les clubs. Mais à partir du milieu des années
60, c'est un nouveau
quartier gay qui va peu à peu s'imposer comme étant
le centre de la vie
nocturne : Le 2ème arrondissement et en particulier
une rue, la rue
Sainte Anne.
A
PARIS
SAINT GERMAIN
LES
CAFES
-
Le Café de Flore
172 bd Saint
Germain (6e)
-
Le Royal Saint
Germain (Drugstore Publicis)
149
bd Saint Germain (6e)
LES
BARS - CLUBS
-
Le Fiacre
4
rue Cherche Midi (6e)
-
Le Pousse au
Crime
15
rue Guisarde (6e)
-
Le Bacchus
-
Le Quod Libet
3
rue du pré-aux-Clercs (7e)
-
Le Speakeasy
4
rue des Canettes (6e)
LES
DISCOTHEQUES
-
La Boite à
Chansons
3
rue Grégoire de Tours (6e)
-
Le Cherry Lane
8
rue des Ciseaux (6e)
-
Le Prélude
9 rue
Guisarde (6e)
-
Le Katmandou
21
rue du Vieux Colombier (6e)
LES
CABARETS
-
L'Alcazar de
Paris
62
rue Mazarine (6e)
LES
RESTAURANTS
Les
Petits Pavés
4
rue Beranrd Palissy (6e)
::
QUARTIER
SAINT GERMAIN DES
PRES. LES
CAFES - BARS -
DISCOTHEQUES.
Saint
Germain et ses existentialistes s'est
imposé comme le quartier à
la mode de Paris. De nouveaux lieux voient le jour
dans les années 60,
en particulier
à destination des
homosexuels. Si le "Café
de
Flore"
et son premier étage efféminé reste toujours très
fréquenté par les
artistes et intellectuels, l'offre commerciale du
quartier va se
diversifier. Des bars pour filles et des cabarets
de travestis vont
faire leur apparition à Saint Germain alors que
c'est Montmartre qui
s'en était fait une spécialité. Le "Pousse
au
Crime"
ouvre sur deux niveaux dans la rue Guisarde. Si
l'endroit est parfois
fréquenté par les prostituées, les lesbiennes y
sont majoritaires. La
clientèle est jeune et décoincée et le Pousse au
Crime est avant tout
un bar-discothèque festif où les garçons ne sont
pas interdits. Autres
nouveaux lieux saphiques du quartier, "le
Bacchus" et le "Quod
Libet",
auront eux une existence plus éphémère. Le 16
décembre 1968, Jean-Marie
Rivière et
Marc Doelnitz ouvrent rue Mazarine un grand
cabaret où de nombreux
travestis et transformistes vont se produire : "L'Alcazar
de Paris".
Si les cabarets de travestis de l'avant guerre
n'étaient fréquentés que
par une clientèle homosexuelle, dans les années
60, ce genre de
spectacle intéresse de plus en plus le grand
public et la clientèle des
cabarets est maintenant plus constituée de
provinciaux ou d'étrangers
en goguettes,
d'associations du troisième âge, que d'homosexuels
ou de marginaux.
Le début des années 60 va voir une véritable
floraison de nouveaux bars
et discothèques pour les garçons à Saint-Germain
mais la plupart du
temps, elles ne sont pas exclusives, la clientèle
de Saint Germain
étant très large d'esprit. La "Boite
à
Chansons" s'installe
au 3 rue Grégoire-de-Tours (6e). Le bar occupe le
rez-de-chaussée et
la discothèque les caves voutées du sous-sol. La
clientèle est
majoritairement homosexuelle et masculine mais les
filles y sont
admises. "Le
Cherry
Lane" ouvre le 31 décembre 1964 au
rez-de-chaussée du 8 rue des Ciseaux
en plein c½ur de Saint Germain et devient un
endroit très "in". La façade est ornée d'un grand
"8" en cuivre. L'ambiance y est très jeune et
mixte. Les tubes yéyé résonnent dans cet
endroit au décor psychédélique avec ses grosses
fleurs d'acier. La
jeunesse qui commence à être chevelue s'assoit sur
des poufs autour de
tables basses. La clientèle y est assez mélangée
mais les homos ont une préférence pour le bar de
l'entrée. Les minets qui fréquentent l'endroit au
début des années
60 vont peu à peu laisser la place aux beatniks.
Une petite piste au
fond du bar permet de s'exercer au
jerk ou au twist. Le Cherry Lane est lancé par une
jeune marseillaise, Annick, qui est secondée par
un jeune danseur homo, Ralph, venu lui-aussi de
Marseille. Annick tenait déjà un établissement
comparable à Marseille, Le Punch. Un des
premiers DJ des nuits parisiennes y fera ses
débuts, le cubain Guy Cuevas. Nicoletta passera
aussi par les platines
du Cherry Lane. Les artistes de l'époque, ainsi
que les grands couturiers aiment à s'y retrouver.
Annick fermera sa boite 20 ans plus tard, le 31
décembre 1984.
Le
clubbing gay, qui va se développer dans
les années 70 et 80 à travers le monde occidental,
commence à faire
aussi ses premières armes à Saint Germain.
Juste à coté du
Cherry
Lane, un autre établissement va souvent changer de
nom mais la
clientèle homo lui restera fidèle : "l'Escalier",
"Le
d'Artagnan", "Le
Why
Not". La petite et populaire
rue
des Canettes possède son bar de garçons : "Le
Speakeasy".
La clientèle y est presque exclusivement
masculine, jeune et
homosexuelle. L'endroit est assez chic et on y
vient plus pour
discuter, draguer de manière soft que pour y faire
la fête. Quelques
gigolos fréquentent l'établissement. On trouve
aussi des gigolos au "Tabac des
Sports", 54 rue du
Four. L'établissement est tout en
profondeur et si l'on achète ses cigarettes au
comptoir d'entrée,
quelques beaux garçons, toujours
prêts à
la location de courte durée, traînent
dans la salle du
fond. Les habitués surnomment l'endroit "Le
Bureau", plus en raison de son caractère de bureau
de placement que de
bureau de tabac.
Vers
la fin des
années 60, le quartier va voir s'installer
quelques
futures grandes figures de la nuit
parisienne, qui vont
y faire
leurs débuts.
Le 2 décembre 1969, Elula Perrin va ouvrir
avec Aimée
Mori "Le
Katmandou"
au 21 rue
du Vieux Colombier. D'entrée de jeu, ce club
lesbien va se démarquer
des autres établissements pour filles.
D'abord, il est exclusivement
féminin et les hommes ne peuvent, en
principe, pas y entrer. Ensuite,
le Katmandou est un club à la mode et
relègue aux rang des antiquités
le garçonnes en costume masculin des autres
clubs. Ici les filles sont
jeunes, modernes, en minijupe ou en short.
Elles dansent le jerk ou le
twist et ont davantage l'esprit libéré des
hippies que de leurs mamans.
En outre, au Katmandou il n'y a aucune
interférence entre la
prostitution, comme c'est encore souvent le
cas de certaines boites
lesbiennes qui laissent entrer les hommes
hétérosexuels. Enfin, si les
femmes y sont reines, elles n'y sont pas
exclusivement homosexuelles.
Le club accueillera quelques femmes célèbres
et quelques figures du
showbiz comme Mélina Mercouri (mère de Joe
Dassin et future ministre
grecque de la Culture) ou Alice Sapritch,
(actrice et égérie des
homosexuels). Elula Perrin sera non
seulement une grande figure de la
nuit parisienne mais aussi une militante
lesbienne active. Elle
participera par la suite à des émissions de
télé sur l'homosexualité,
écrira de nombreux livres, dont le premier,
"Les femmes préfèrent les
femmes" en 1977, connaîtra un grand succès.
Autre
future grande figure de la
nuit
parisienne, Gérald Nanty, va lui
aussi faire ses débuts dans le quartier.
Client assidu du Café de Flore
et du Fiacre, mais aussi possédant de
nombreuses relations dans le
milieu de la mode et du showbiz, Gérald
Nanty va être chargé de
relancer un club un peu vieillissant de la
rue Saint Benoît, une des
rues les plus animées de Saint Germain.
Comme nous sommes en 1965, il
le
rebaptise "Club
65"
et va y
attirer beaucoup de jeunes mannequins mais
aussi des stars du showbiz.
La future chanteuse Nicoletta y était
disquaire et l'acteur Guy
Marchand barman. Le Club 65 aura une
marraine prestigieuse en la
personne de Marlène Dietrich et des figures
comme Cécile Sorel, Dario
Moreno ou la première transsexuelle
française, Coccinelle seront des
habitués de l'établissement. C'est aussi au
Club 65 que sera lancé
Hervé Vilard avec son tube "Capri c'est
fini". Le succès du Club 65 est
immédiat. Incapable de faire du surplace,
Gérald Nanty va animer
ensuite "Le
Prélude",
9 rue Guisarde, bar tenu par deux
lesbiennes. Il y peaufine la formule
inventée par le Fiacre, c'est-à-dire la
co-existence d'un
bar-discothèque gay et d'un restaurant pour
les VIP. Il
reçoit au
Prélude toutes les figures de la nuit
parisienne et du showbiz.
La
fin
des années 60 va voir à la fois une grande
popularité du quartier
Saint Germain des Prés de plus, rendez-vous
des hyppies, des babas cool
et des beatniks, de plus en plus envahi par
les touristes mais
aussi peu à peu abandonné par les
homosexuels. "Le
Fiacre"
(cf années 50), le bar-restaurant le plus
fréquenté par les homos
parisiens mais aussi du monde entier et
véritable locomotive gay du
quartier, va fermer ses portes au début des
années 70 suite au décès de
son fondateur,
Louis Baruc. Son ami et associé ne va pas
reprendre l'établissement
mais reprendre "les
Petits
Pavés", un restaurant du 4 rue
Bernard-Palissy, qu'il va appeler "le
Bureau".
"Le Fiacre" va être repris quelque temps par
une des figures montantes
de la nuit gay parisienne, Michel Roux, mais
l'âme du lieu ayant
disparu, le Fiacre va s'éteindre à son
tour.
Autre endroit emblématique du quartier, la
grande brasserie "Le
Royal Saint Germain"
à l'angle de la rue de Rennes et du
Boulevard Saint Germain va faire
l'objet d'une vaste opération immobilière et
repris par le patron de
Publicis qui va y créer comme sur les Champs
Elysées, un "Drugstore
Publicis".
L'endroit, inauguré en octobre 65, propose
sur plusieurs niveaux des
commerces ouverts la nuit, librairie,
journaux, pharmacie, bureau de
tabac, brasserie, restaurant. Dès le début,
une des
clientèles
attachées à l'ancien "Royal Saint Germain",
c'est-à-dire les gigolos
jeunes et beaux, va continuer à fréquenter
le Drugstore Saint Germain.
Le trottoir sera l'occasion de rencontres et
la brasserie, l'occasion
de se nourrir frugalement d'un steak à
cheval ou d'un croque madame,
entre deux clients.
Le
Café de Flore
Le
Drugstore Saint Germain et ses
minets
A
PARIS
RUE SAINTE ANNE
LES
BARS - CLUBS - RESTAURANTS
-
Le Royal Opéra
19 avenue de
l'Opéra (1er)
-
Le Vagabond
14
rue Thérèse (1er)
-
Le César
4
rue Chabanais (2e)
-
Le Piano Bar
(ex Théâtre du 7)
12
rue Sainte Anne (1er)
LES
DISCOTHEQUES
-
Le Pimm's
3
rue Sainte Anne (1er)
-
Le Club 7
7
rue Saint Anne. (1er)
LES
CABARETS
-
La Vie
Parisienne
12
rue Sainte Anne (1er)
-
Aux Quatre
Mules (Sidonie Baba)
32
rue Sainte Anne (1er)
::
QUARTIER
DE
LA RUE SAINTE ANNE.
Ce quartier qui se cherche depuis les années 30 avec
la présence de
quelques cabarets lesbiens comme la "Vie
Parisienne", "Aux
quatre
Mules" et depuis les années 50 avec le
bar-restaurant "Le
Vagabond"
ou "le César",
va connaître à la fin des années 60 un coup
d'accélérateur qui va le
transformer en quelques années en centre de la vie
nocturne
homosexuelle parisienne. S'il y a eu, à la
Libération, une véritable
rupture entre le monde interlope de Montmartre et le
quartier jeune et
libéré de Saint Germain, il va y avoir également une
rupture d'ambiance
entre Saint Germain et la rue Sainte Anne, même si
cette fois, ce sont
certains acteurs de Saint Germain qui vont reprendre
peu à peu des
établissements dans la rue Sainte-Anne et dans les
rues avoisinantes.
Un jeune homme de bonne famille va y
ouvrir un bar chic au 3 rue Sainte Anne. "Le
Pimm's"
est ouvert en 1964 par un nommé Fabrice Emaer qui ne
sait pas encore
qu'il va
devenir en quelques années le roi de la nuit à
Paris, et pas uniquement
de la nuit homo. L'endroit n'est pas très grand mais
on s'y entasse
bien vite. La clientèle est jeune et moderne et
écoute de la musique
américaine. Quelques années plus tard
et toujours dans la même rue, au numéro 7, Fabrice
Emaer va ouvrir un
second établissement, tout en gardant le Pimm's.
C'est la création le
18 décembre
1968, du "Club
7".
Au
Rez-de-Chaussée, "le 7" est avant tout un restaurant
chic et nocturne
puisqu'il n'ouvre que vers 22h. Dans une ambiance
très classe et de bon
goût, il propose une bonne cuisine gastronomique
mais épurée. Le décor
est noir et doré. Très vite, l'endroit devient le
rendez-vous du
showbizz et des artistes homosexuels (ou assimilés).
L'adresse fait
vite le tour du tout Paris mondain et chaque star
qui se respecte se
doit d'être passée au moins une fois au 7. Mais le
Sept, c'est aussi un
sous-sol et une discothèque gay. Si les femmes sont
admises au
restaurant du rez-de-chaussée, elles ne sont pas
souhaitées au sous-sol
qui est très masculin et aussi très jeune. Là aussi
Fabrice Emaer fait
preuve d'un tel sens de la fête et d'une telle
rigueur professionnelle
qu'en l'espace d'une année, "le 7" va devenir la
boite la plus "In"
(selon l'expression de l'époque) de Paris. Autant le
dire tout de
suite, le prix d'entrée est exorbitant et donc très
sélectif, mais il
arrive que les jolis minets, bien propres sur eux,
rentrent
gratuitement.
Les platines du Sept sont confiées par Fabrice au DJ
numéro un des
nuits
parisiennes, Guy Cuevas qui quitte donc les boites
de Saint Germain
pour la nouvelle rue montante, la rue Sainte Anne.
S'il est un lieu
symbole de la naissance du clubbing moderne et
sophistiqué à Paris et
en France, c'est bien le Sept. Au delà de la
discothèque, la formule
club-restaurant de nuit, imposée par le Fiacre à
Saint Germain (qui
faisait bar mais non discothèque)
dans les années 50 et reprise avec succès par
quelques autres comme
Gérald Nanty qui règne encore à Saint Germain ou
Michel Roux qui
s'installe sur le quai de l'hôtel de ville, va
connaître au "7" un
succès sans précédent. Le bon dosage de la
clientèle, souvent très
différente mais complémentaire entre le restaurant
et la boite est une
des clefs du succès. D'ailleurs l'une ne viendrait
pas sans l'autre.
Les jeunes minets qui fréquentent la boite, sont
honorés de faire
partie du showbiz qui fréquente le restaurant, et
les stars, en quête
d'une éternelle jeunesse ne sont pas non plus gênées
de dire qu'elles
fréquentent un des endroits les plus jeunes de
Paris, d'autant plus
qu'elles peuvent aussi y "faire leur marché". Pour
la première fois, on
peut considérer qu'à Paris, l'homosexualité est à la
mode, après le
succès des boites hétéros comme chez Castel, chez
Régine ou au Whisky à
Gogo, c'est une boite homo qui devient une des plus
réputée
de Paris,
pour ne
pas employer le terme "populaire". La coexistence de
quelques grands couturiers ou producteurs de cinéma
avec de jeunes
éphèbes qui n'ont encore comme richesse que leur
beauté, dénature
souvent la sincérité de la relation. Aussi le Sept
ne pourra jamais
empêcher quelques gigolos de luxe de passer la porte
et de rechercher
quelques âmes généreuses. Le Sept va d'ailleurs
attirer peu à peu dans
la rue Saint Anne une faune de jeunes prostitués qui
vont délaisser
Saint Germain pour cibler une clientèle plus
fortunée. Et la clientèle
fortunée, sachant qu'elle peut y trouver les plus
beaux garçons de
Paris, va fréquenter de plus en plus la rue Saint
Anne, autrement plus
recommandable que les ruelles glauques de Montmartre
ou l'ambiance
délurée de Saint Germain. Combien d'artistes,
d'acteurs, de comédiens
célèbres des années 70, 80 auront trouvé leur
pygmalion lors d'une
soirée au Sept quand ils avaient une vingtaine
d'année ?
D'autres
établissements,
moins emblématiques que le 7, vont aussi
profiter de la nouvelle popularité du quartier pour
s'installer. Frede,
qui avait réouvert son cabaret lesbien "le
Carroll's"
rue de Ponthieu, va reprendre "La
vie
Parisienne" de Colette Mars
(ancien établissement de Suzy Solidor) et y
transférer "le Carroll's".
Mais ce qui avait été la boite à la mode des années
50 et du
cha-cha-cha, n'aura plus le même succès à coté de
l'apparition d'autres
modes musicales comme le rock, le jerk, le twist,
puis le rythm'n
blues et la soul qui donnera naissance au disco.
C'est Fabrice Emaer
qui va reprendre un temps l'établissement
pour en faire un café théâtre ("le
Théâtre
du 7") puis il va le céder à Isolde
Chrétien qui
va en faire "le
Piano Bar",
un bar à l'ambiance tamisée et comme son nom
l'indique, bercée au son
d'un piano. Le "Piano Bar" va être aussi très
masculin et ouvert à
l'heure de l'apéritif et donc bien complémentaire du
Sept ou du Pimm's.
A coté de l'empire "Fabrice Emaer" qui est en train
de se constituer,
les autres cabarets du quartier sont en perte de
vitesse. "Les
quatre Mules",
cabaret historique qui avait commencé avant guerre
sous la direction de
la chanteuse Sidonie Baba, va abandonner ses
spectacles. Sidonie Baba
va donner son nom à l'enseigne qui devient donc tout
simplement "Sidonie
Baba"
mais va confier l'animation de l'établissement à un
italien
hétérosexuel qui va tenter de retenir la clientèle
homosexuelle dans
une ambiance bar. Les nombreux habitués de
l'établissement, bien que
vieillissants, vont lui rester fidèle.
A
PARIS
MONTMARTRE
LES
BARS - LES CLUBS
-
Le Play-Back
19
rue Lambert (18e)
-
Chez Madame
Madeleine
rue Guelma
(18e)
-
La Nuit
Boulevard
de Clichy (18e)
-
Le Pavé
20
rue des Trois Frères (18e)
-
La Maison du
Pêcheur
10
rue des Trois Frères (18e)
-
Le Shadock
50
rue des Trois Frères (18e)
-
Le Père Louis
32
boulevard de Clichy (18e)
-
Don Caracol
5
passage Cottin (18e)
LES
CABARETS
-
Chez Michou
80
rue des Martyrs (18e)
-
Madame Arthur
75
bis rue des Martyrs (18e)
-
Chez Moune
54
rue Pigalle (9e)
LES
RESTAURANTS
-
La Mangeoire
17
rue Ganneron (18e)
-
Le Cavalotti
7
rue Cavalotti (18e)
-
Le Coup de
Frein
88
rue Lepic (18e)
-
A L'Ecureuil
22
boulevard des Batignolles
::
QUARTIER
MONTMARTRE - PIGALLE.
A Montmartre, avec le succès de Saint Germain et
l'émergence de la rue
Sainte Anne, l'ambiance est de moins en moins
homosexuelle. Seules
subsistent quelques cabarets de travestis, dont la
clientèle est plus
hétérosexuelle qu'homosexuelle, une boite pour
lesbiennes et quelques
bars glauques.
Le Cabaret le plus populaire du quartier reste "Madame
Arthur"
rue des Martyrs. Maslowa y mène toujours la revue
d'une main de maître
et si Coccinelle n'apparaît plus sur la scène de
Madame Arthur, c'est
parce qu'elle a débuté une carrière internationale.
Bambi et Fétiche
sont les nouvelles stars de l'établissement.
Mais
l'événement
de la rue, c'est
l'ouverture un peu plus haut du cabaret "Chez
Michou".
Michel Cathy, dit Michou, le propriétaire des lieux,
avait repris un
restaurant à cette adresse à la fin des années 50.
En 1961, il décide
d'y présenter un numéro de travestis burlesques. Il
se travestit
d'ailleurs lui-même à cette époque. L'originalité du
spectacle est que
les artistes ne chantent pas en live comme c'est
encore le cas chez
Madame Arthur, mais en play-back. C'est donc sous la
vraie voix de
Mireille Mathieu, France Gall, Juliette Gréco,
Sylvie Vartan, Brigitte
Bardo que leurs sosies se produisent sur une scène
minuscule de 2 m2.
Très vite, l'endroit va bénéficier d'une belle
campagne de presse et
devenir le cabaret à la mode de Paris. Ce n'est
qu'en 1969, qu'il prend
définitivement l'enseigne "Chez Michou" et fait le
plein tous les
soirs. Il a réussi à devenir plus populaire que son
ainée de la rue,
"Madame Arthur". "Chez Moune", le
cabaret
féminin de Pigalle, connaît aussi un beau succès,
même si le
nouveau Katmandou de Saint Germain attire davantage
la jeunesse
féminine.
Une future figure de la nuit, Nano, va ouvrir au 19
rue Lambert le "Play-Back",
un bar
tout en longueur et une petite salle de restaurant
au fond. Le tour du
quartier ne serait pas complet si on oubliait
"La Mangeoire",
rue Ganneron. L'endroit est avant tout un restaurant
de nuit, mais il
propose aussi une ambiance bar-discothèque. Moins
prestigieux que les
nouvelles boites de la rue Sainte-Anne, il possède
néanmoins une
clientèle masculine fidèle.
Quant aux bars glauques, ils ouvrent, ils ferment,
ils changent
d'enseigne. La police semble de plus en plus
concentrer ses efforts sur
les bars de prostitution que sur les lieux festifs.
Alors que la mode
des backrooms n'est pas encore inventée et que les
bordels sont
maintenant interdits, certains bars n'hésitent pas à
proposer,
illégalement, les services de garçons prostitués. Il
y aura même un
certain temps un bordel à garçons rue Guelma, "Chez
Madame Madeleine".
Le bar "La Nuit"
sur le Boulevard de Clichy est le rendez-vous des
gigolos dès 8h du
matin, "Le Pavé",
20 rue des Trois Frères, celui des travestis, comme
son voisin, "La
Maison des Pêcheurs",
endroit incroyable, dans un décor de bistrot breton
avec ses bouées,
ses
filets de pêche et ses travestis qui dansent au son
d'un juke-boxe en
buvant de la Kronenbourg au milieu d'habitués du
quartier qui jouent
aux cartes, sans se soucier de la faune qui les
entoure.
Le
tableau final de Chez Michou
dans les
années 60
Visite
des cabarets lesbiens de
la capitale
dans les années 60
A
PARIS
AUTRES QUARTIERS
LES
BARS CLUBS
-
Le Boeuf sur le Toit
34
rue du Colisée (8e)
-
Chez Charliy
9
rue d'Argenteuil (1er)
-
Le Chelem
24
rue Pasquier (8e)
-
Le Festival
22
rue du Colisée (8e)
-
Suzy Solidor
4
rue Balzac (8e)
-
L'Entracte
73
rue Saint Charles (15e)
LES
DANCINGS
-
Le Carroll's
36
rue de Ponthieu (8e)
LES
CABARETS
-
Le Carrousel
de Paris
29
rue Vavin (6e)
-
Le Monocle
60
boulevard Edgar Quinet (14e)
-
Elle et Lui
31
rue Vavin (6e)
LES
RESTAURANTS
Le
Chapiteau
16
rue des Trois Bornes (11e)
-
L'Entre Nous
22
rue du Petit Musc (4e)
-
Chez Germain
19
rue Jean-Mermoz (8e)
LES
CINEMAS
-
Le Bosphore
37
Boulevard Saint Martin (3e)
-
Le Cinéac
Saint Lazare
Galerie
des Marchands - Gare Saint Lazare (8e)
-
Le Cinéac
Montparnasse
Galerie
Marchande de la gare Montparnasse. (15e)
-
Le Pathé
Journal
Porte
Saint Martin (3e)
-
Le Mexico
Boulevard
de Clichy (18e)
::
AUTRES
QUARTIERS. LES
CABARETS.
Maintenant que la danse entre homosexuels est de
plus en plus tolérée,
avec encore beaucoup de prudence, les homosexuels
vont peu à peu
délaisser les cabarets de travestis et les cabarets
lesbiens au profit
des discothèques. Suzy Solidor va définitivement
quitter Paris pour la
Côte d'Azur et son cabaret "Chez
Suzy
Solidor" va disparaître dès 1960. Monsieur
Marcel va
transférer "Le
Carrousel
de Paris" de la rue du Colisée à la rue
Vavin, à
Montparnasse. Ainsi ses deux établissements, le
Carrousel et le "Elle
et Lui",
vont se situer l'un à coté de l'autre et communiquer
entre eux. Si le
Carrousel propose un spectacle de travestis pour
hétéros en goguette,
le "Elle et Lui" continue à attirer une clientèle de
lesbiennes.
Monsieur Marcel garde aussi la main sur son
établissement de
Montmartre,
"Madame Arthur".
Le cabaret lesbien "le
Monocle",
rare rescapé des années 30, semble avoir suspendu le
temps. Son éternel
orchestre de femmes anime toujours les soirées
délaissées par la
jeunesse et fréquentées par quelques vieilles dames
nostalgiques de
l'avant guerre.
LES
BALS - LES DISCOTHEQUES
Si les discothèques naissent avec la mode du twist
et du jerk, la danse
à deux peut aussi avoir ses adeptes. Depuis
longtemps, les homos
aimeraient pouvoir danser en couple comme les
hétéros, malheureusement
cela leur est interdit et la police veille. Depuis
toujours la loi est
transgressée, au risques et périls du tenancier de
l'établissement.
Dans les années 60, la plupart des discothèques
parisiennes sont encore
équipées d'une lampe rouge qui s'allume dès qu'un
contrôle de police
intervient et qui est le signe pour les danseurs de
se séparer bien
vite afin de ne pas être arrêtés et l'établissement
inquiété. Mais la
mode du twist et du jerk va privilégier les danses
individuelles dans
les discothèques. Dans les années 60, il existe
néanmoins un endroit où
les amateurs de valse, de tango et autres danses à
deux peuvent se
satisfaire. L'endroit tient plus du club privé que
de la discothèque : "le
Bal de la Colonelle"
se tient en région parisienne à
Saint-Nom-la-Bretèche. Il s'agit d'un
pavillon privé et isolé au fond d'un parc,
appartement à une lesbienne
que tout le monde appelle "La Colonelle". On lui
attribue des actes de
bravoures durant la Résistance, ce qui lui vaudrait
ce grade et la
rosette qu'elle arbore au revers de sa veste. Au bal
de la Colonelle,
la clientèle est plutôt bourgeoise, sans
extravagance et la bonne tenue
est de rigueur. L'endroit est ouvert aussi bien aux
hommes qu'aux
femmes et le dimanche après midi uniquement.
Autre endroit où la danse à deux est possible, c'est
dans le local du "Club
Arcadie",
un ancien cinéma rue du Château d'Eau. A partir de
1969, André Baudry
obtient l'autorisation d'y organiser chaque week-end
un bal pour les
homosexuels. L'endroit n'étant réservé qu'aux
membres inscrits et non
ouvert au public extérieur, la danse entre
hommes y est
tolérée.
Si
la
plupart des discothèques se concentrent à Saint
Germain et dans
la rue Sainte-Anne, ces nouveaux établissements
festifs vont aussi
apparaître dans d'autres quartiers. "Le Rocambole"
ouvre ses portes en 1968 au 9 rue Budet dans l'Ile
Saint Louis.
Jean-Pierre, le patron et Michel le DJ, vont réussir
très vite à faire
le plein de l'établissement qui n'est pas très
grand. Le bar se tient
au rez-de-chaussée et la discothèque dans les deux
caves en vieille
pierre du sous-sol. Cette discothèque sera l'une des
plus populaires
des années 70, mais après son changement
d'adresse... "La
Mendigotte" est
un bar-restaurant-discothèque à l'ambiance très
parisienne comme le 7
rue Saint Anne, mais moins fréquenté par les
vedettes. La Mendigotte se
situe sur la quai de l'hôtel de ville dans le 4e, à
l'orée du Marais
qui est encore un quartier sans vie et à l'abandon.
C'est Michel Roux
qui est à l'origine de ce nouveau club qui va
essaimer à travers toute
la France dans les années 70. La Mendigotte propose
au rez-de-chaussée
un restaurant réservé aux garçons qui peuvent dîner
tardivement dans
des petits boxes discrets. A l'étage, l'ambiance y
est plus mixte et
les prix un peu plus élevés, mais on peut profiter
d'une belle vue sur
la Seine. Enfin, le sous-sol est réservé à la
discothèque gay et
masculine. L'ambiance y est jeune et festive.
LES
CINEMAS
Si
dans les années 30, les
théâtres et les music-halls étaient souvent
des lieux de rencontre, voire de débauche
pour les homosexuels, dans
les années de l'après-guerre, beaucoup de
cinémas n'avaient rien à leur
envier. Mais contrairement aux années 80 qui
ont vu le développement
des cinémas pornos, c'est dans des cinémas
où étaient projetés des
films de série B (western, horreur...) que
les homosexuels avaient pris
leurs habitudes dans les années 50 et 60.
A
Paris les salles de ce type ont été
nombreuses et on pouvait en
fréquenter dans presque tous les
arrondissements. Quelques salles ont
néanmoins marqué plus que d'autres la
mémoire collective et quelques
anecdotes nous sont parvenues. "Le
Bosphore".
Ce cinéma ouvert le 30 septembre 1911 au 37
boulevard Saint Martin, à
deux pas du théâtre de la Porte Saint
Martin, s'est spécialisé après
guerre dans les films d'action de série B,
les péplums et les westerns
spaghettis. L'entrée de la salle se fait par
dessous l'écran et deux
ouvreuses complices, une brune et une
blonde, chouchoutent
leur
fidèle
clientèle homosexuelle toujours généreuse en
pourboires.
Généralement, elles placent les clients
homos dans les rangs du fond et
les touristes de passage plutôt devant.
Evidemment si l'écran propose
des films d'action, la véritable action se
passe dans le fond de la
salle, où les spectateurs se livrent à
quelques rencontres parfois du
troisième type. A cette époque, la police
des m½urs est encore
vigilante et opère des contrôles surprises
dans les salles obscures
pour alimenter ses fichiers d'homosexuels.
Au Bosphore, lorsque la
police arrive à la caisse, les ouvreuses
viennent faire des sémaphores
sous l'écran avec leurs lampes de poche pour
faire remonter les
culottes. Le Bosphore fermera définitivement
ses portes le 22 octobre
1980 et avec lui, un monument du "patrimoine
culturel " gay va
disparaître.
Le
scénario est presque identique au "Pathé
Journal",
un petit cinéma corridor de 25 m sur 3, lui
aussi à deux pas de la
Porte Saint Martin. Lors des contrôles de
police, la caissière a un
bouton faisant clignoter des lampes au
plafond pour donner l'alerte
dans la salle. En fait, il s'agit de
"l'éclairage de balayage" utilisé
par le ménage pour ne pas allumer le grand
éclairage !
Le cinéma d'horreur situé à l'angle de
l'avenue Rachel, entre Blanche
et place Clichy, "Le
Mexico",
possède un balcon latéral où se déroulent de
véritables partouzes. Un
jour, à un coup de sifflet, plusieurs
policiers disposés dans la salle
ont allumé tous ensemble leurs lampes de
poche, et arrêté une dizaine
de personne pour attentat à la pudeur dans
un lieu public. Les accusés,
au nombre desquels un avocat connu, ont
plaidé que l'attentat à la
pudeur avait été provoqué par l'allumage
concerté des lampes de
poche... Dix ans plus tard, ils étaient
toujours en jugement... mais le
verdict ne nous est pas parvenu. Le Mexico
deviendra un ciné porno dans
les années 80 et un Mc Do dans les années
2000, autres temps autres
m½urs.
Enfin, il ne faut pas oublier non plus les "Cinéac".
Ces salles de cinéma, nombreuses à
Paris, comme en province,
étaient apparues dans les
années 30 et s'étaient spécialisées dans la
diffusion d'actualités en
continu mais aussi des documentaires et des
dessins animés. A cette
époque, la télévision n'était pas encore
présente dans
les foyers et les chaînes d'info étaient
loin d'être inventées. Dans
les années 60, Paris possède encore cinq
Cinéac dont
certaines salles sont situées dans les
galeries commerciales des gares.
Le prix d'entrée est modique, on peut entrer
et sortir à tout moment,
même au bout de 10 minutes, mais on peut
aussi y passer la journée, car
la salle ne s'allume jamais et l'actualité y
est diffusée en boucle.
Toutes ces particularités en font des
endroits propices à la drague
homosexuelle et les cinéacs de Montparnasse
et de Saint Lazare
pouvaient parfois prendre des apparences de
lupanars... Les cinéacs
disparaîtront avec les années 60.
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Sélection
Hexagone Gay de chansons
homosexuelles des années 60 :
-
Didier ERIBON, Dictionnaire
des Cultures Gays et
Lesbiennes, Larousse, 2003
- Florence TAMAGNE, Revue
d'Histoire
moderne et contemporaine, Ecrire l'histoire des
homosexualités en Europe : XIXe - XXe siècles.
tome 4,
Editions Belin, 2006
- Jean-Louis CHARDANS, British
group
of sexological research, History and antology of
homosexuality,
histoire et anthologie de l'homosexualité,
Centre d'Etudes
et de Documentations Pédagogiques Paris, 1970
- Iconographie : Collection privée de Cartes
Postales
- Le Crapouillot - Les
Pédérastes
- août-sept 1970
- Anecdotes et informations sur les cinémas
parisiens et sur la vie gay
à Saint Germain : Témoignage de Jacques de Brethmas.
- Remerciements à Eric pour ses précisions sur les
adresses parisiennes.
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