Dans
les années 70, si Paris est probablement la ville au monde où il y a le
plus de bars, de cafés, de bistrots, les homosexuels ont très peu de
cafés où se rencontrer dans la journée. Le choix est simple :
soit ils fréquentent les bars et brasseries ouvertes à tout le monde
(Le Café de Flore, Les Deux Magots, Le Mabillon, le Drugstore Saint
Germain, etc...) avec l'obligation de rester discrets et ne ne pas être
démonstratifs, comme peuvent l'être les hétérosexuels, soit ils
fréquentent des bars de nuit. Les bars de nuit présentent un
double inconvénient : Ils n'ouvrent que la nuit et les consommations y
sont couteuses. La plupart des restaurants et discothèques homos de
l'époque proposent un coin bar dont l'accès est contrôlé comme pour le
reste de l'établissement.
Au début des années 70, il n'existe pratiquement aucun bar spécialisé
ouvert le jour. "Le
Festival",
22 rue du Colisée, dans le quartier des Champs Elysées, est une
des rares exceptions. Il ouvre de 12h à 3h. C'est un ancien cabaret où
s'étaient
produits de nombreux chanteurs. Dans les années 60 et 70, si la scène
est toujours en place, il n'y a plus de spectacle. L'entrée est très
contrôlée et le bar est réservé uniquement aux garçons. Les gigolos y
ont leurs habitudes et le Festival est dans les carnets d'adresses de
nombreux VIP et touristes fortunés. L'endroit a encore un coté kitch
avec sa déco de bar américain des années 50. Il se présente à l'époque
comme "le plus ancien bar pédé de Paris". Les tarifs restent ceux d'un
bar de nuit.
Mais à partir de la fin des années 70, une petite révolution va se
produire sans tambour ni trompette. Pour la première fois, un bar homo
va s'ouvrir dans la journée avec des consommations à des prix
similaires à ceux des cafés ordinaires. "Le Village"ouvre
en décembre 1978 à l'initiative de Michel Leroux. L'endroit est
minuscule et la déco, celle d'un café de quartier. Pour la première
fois, on peut aussi prendre un café à toute heure (pour 2,50 F) ou une
bière à 5F. Dans les bars-clubs de la rue Sainte Anne, on ne servait
pas de café et la bière était à 30 F. Au Village, on peut aussi y
déguster de bons gâteaux au chocolat comme
dans les coffee-shops américains. Il ouvre dans une rue discrète, la
rue du Plâtre dans le 4ème arrondissement, ce qui lui permet une
sélection naturelle de la clientèle. On n'y vient pas par hasard. Ce
petit café discret va, sans le savoir, être un pionnier. C'est le
premier bar gay "nouvelle génération" à ouvrir dans le quartier du
Marais et dans les années qui vont suivre, la formule va être dupliquée
partout dans ce quartier.
En effet,
le
quartier gay du Marais des années 2000 est né ici un jour de décembre
1978. Il faut néanmoins préciser que s'il s'agit du premier bar gay
d'une "nouvelle génération", le quartier avait déjà connu quelques
établissements fréquentés par les homosexuels. Au XIXème siècle, on y
trouvait de nombreux bouges glauques fréquentés par les voyous et les
invertis. Depuis les années 60 quelques restaurants, comme "L'Entre
Nous", rue du Petit Musc, une discothèque comme "La Mendigotte" quai de
l'hôtel de ville, existaient bien en bordure du quartier. Mais la zone
située juste derrière Beaubourg était totalement à l'abandon. L'habitat
y était insalubre, les rues mal éclairées et dangereuses le soir. Les
seuls commerces étaient quelques magasins de gros. Un double phénomène
va favoriser le développement du quartier : les loyers très bas et
accessibles aux jeunes et la naissance du Centre Pompidou qui va
réveiller le quartier. Au début des années 80, les homos vont néanmoins
hésiter entre le quartier des halles, de l'autre coté du Centre
Pompidou et le Marais, mais nous verrons cela dans la page consacrée
aux années 80.
Voir aussi :
- Quartier
Saint Germain
- Rue Sainte Anne
>
CD compilations des
années 70 - sélectionnés sur Amazon.fr :
>
Titres gay cultes des
années 70
sélection Hexagone Gay :
cliquez
pour écouter.
RESSOURCES
EXTERIEURES ET REMERCIEMENTS
- Didier ERIBON, Dictionnaire
des Cultures Gays et
Lesbiennes, Larousse, 2003
- Florence TAMAGNE, Revue
d'Histoire moderne et contemporaine, Ecrire l'histoire des
homosexualités en Europe : XIXe - XXe siècles. tome 4,
Editions Belin, 2006
- Jean-Louis CHARDANS, British group
of sexological research, History and antology of homosexuality,
histoire et anthologie de l'homosexualité, Centre d'Etudes
et de Documentations Pédagogiques Paris, 1970
- Iconographie : Collection privée de Cartes Postales
- Frédéric MARTEL, Le
Rose et le
Noir - Les Homosexuels en France depuis 1968.
- Elisabeth Quin - Bel
de Nuit,
Gerald Nanty - Livre de Poche, 2007
- Jacques Bertholon & Xavier de
Vilmorin - Guide
Johnnie
Walker de la Nuit - Hachette - 1982
- Revue
Gai Pied - Revue In
- Guides
Spartacus - Brüno Gmûnder - années 70
- Guides
Incognito - Années 70
- Archives du Centre LGBT Paris Ile-de-France
- Témoignages et archives personnelles : Jean-Marc, Marc, Philippe.
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