LE
PALACE.
Depuis
1978,
Fabrice Emaer organise au Palace
les plus belles fêtes de Paris (cf années
70). Au
début des
années 80, la boite parisienne a dépassé en
notoriété le célèbre club
de New-York, le "Studio 54". Les vedettes du
monde entier se montrent au
Palace. Même TF1, la première chaîne encore
dans le service public, va
diffuser sa nuit du nouvel an 80-81 en
direct du Palace, avec
Yves Mourousi comme présentateur. En
1980, Fabrice Emaer
et celui qui le suit depuis toujours dans
l'ombre, Claude Aurensan,
vont ouvrir, dans les sous-sols du Palace, "Le
Privilège", un
club restaurant très élitiste où toutes les
stars et VIP pourront se
retrouver pour des soirées nettement moins
grand public mais tout aussi
démentes. C'est Gérard Garouste qui en
assure la décoration. Le 5 mai
1981, juste avant les élections
présidentielles, sur
la scène du Palace, Fabrice Emaer va prendre
le risque, pour la
première fois, d'exprimer une opinion
politique. Il va appeler à voter
François Mitterrand, qui s'était engagé à
dépénaliser l'homosexualité
en France et va entamer "la Vie en Rose",
devenu avec Grace Jones, en
quelque sorte, l'hymne du Palace. Mais toute
cette folie qui a réveillé
Paris va s'interrompre brutalement à partir
du 11 juin 1983. Fabrice
Emaer est décédé brutalement d'un cancer du
rein. Le Palace va être
repris quelque temps par Claude Aurensan,
puis par d'autres qui vont
tenter de le relancer. On va changer les
décors, on va tenter d'y
organiser d'autres soirées, mais le c½ur n'y
est plus. Entre les
ennuis financiers, les tracas
administratifs, l'explosion du Sida qui
va freiner les ardeurs, le Palace va
s'enfoncer lentement dans
l'indifférence et les dettes. Ni Régine en
1992, ni les Guetta en 1994,
n'arriveront
à le faire revivre. Le Palace fermera
définitivement en 1996, mais son
âme l'aura quitté dès le 11 juin 1983.
LE
MEGATOWN.
David
Girard, le nouveau roi
des nuits parisiennes, ouvre "Le
Mégatown"
le 20 juin 1987, un soir de Gay Pride. Le Mégatown
se présente comme la
plus grande boite gay de France. Il occupe un ancien
cinéma près de
Barbès, "le Louxor", magnifique salle dont la facade
est classée
monument historique, qui avait déjà été un
rendez-vous d'homosexuels
dans les années 60 et 70 lorsque le Luxor projetait
des films de
catégorie B. Après une brève conversion en boite
antillaise,
l'intérieur du Louxor va être entièrement repensé
pour en faire une
discothèque moderne et fonctionnelle de 2000 m2,
dans un nouveau décor
rouge et noir, sans pour autant sacrifier
l'essentiel de son
architecture caractéristique qui lui donne des airs
de "Palace".
Evidemment, la comparaison avec le Palace s'impose.
Tout le rapproche
de son illustre concurrent : des dimensions
exceptionnelles, une
atmosphère théâtrale, avec ses balcons, ses
différentes salles, salons
et des jeux de lumière exceptionnels... Le Megatown
va aussi
proposer des soirées très colorées et, comme le
Palace, chaque Dimanche
un super Gay Tea Dance de 16h à 4h du matin. Le
Mégatown va, lui aussi,
attirer tout ce que Paris compte de noctambules lors
de fêtes
originales même si la folie insouciante du début des
années 80 est un
peu mise à mal par les ravages du
Sida. Malheureusement, David
Girard
va être lui aussi fauché par le Sida et disparaître
le 23 août 1990. Le
Mégatown ne lui survivra
pas et fermera la même année.
LES
AUTRES
BOITES QUI
ONT MARQUE LES ANNEES 80 A PARIS.
-
1988 : Ouverture, dans un
ancien théâtre, du "Boy's",
6 rue Caumartin, sur les grands boulevards à deux
pas de l'Olympia.
Cette boite, qui va passer de la house, de l'acid
house et évoluer vers
la techno naissante et le new beat, va réunir les
plus célèbres DJs de
Paris : Laurent Garnier, David Guetta, Stéphane
Pompougnac, Joachim
Garraud, Fred Rister, Bruno Kauffmann ou Marco, un
DJ belge qui lui
donnera son impulsion techno... Le Boy va devenir
très vite la boite
branchée de Paris et succéder auprès des clubbers
avertis au Broad. Le
Boy, va lancer ses célèbres soirées mousse,
animation encore inconnue
en France. La radio Maxximum y diffusera des soirées
en direct. Comme
toute boite gay qui se respecte, "le Boy's" va aussi
organiser ses
Tea-Dance chaque dimanche dès 18h. "Le
Boy's" aurait pu devenir une boite mythique, tant
ses soirées restent
inoubliables dans la mémoire de nombreux
noctambules, si elle n'avait
pas été fermée administrativement en 1991 à cause
d'une histoire de
viol. Il semblerait
aussi, que pour corser le tout, quelques affaires de
drogue n'ont pas
plaidé en sa faveur. Mais pour les vrais amateurs de
techno, "Le Boy's"
restera le club le plus symbolique des débuts de ce
genre musical.
C'est une partie de l'équipe du Boy's, qui créera au
début des années
90,
le Queen, version plus fade de ce qu'a été le Boy's.
- "Le Scorpion",
dans le 10e, va d'abord attirer une clientèle de
travestis sur scène et dans la salle. Son style
musical va évoluer avec
sa clientèle, et à la fin des années 80, il va être
un des premiers
club, après le Boy, à passer de la techno.
- "Le Sélénite",
à Saint Germain, propose un bar au
rez-de-chaussée, une discothèque en sous-sol avec un
spectacle de
strip-tease masculin, ce qui est assez peu répandu à
Paris.
- "Le Rocambole"
de Villecresne va connaître une fin tragique. Il va
disparaître en fumée en 1983 et ne renaîtra jamais
de ses cendres. Sa
clientèle se rabattra sur "le
Mocambo" de Saint Germain, seul club dont
l'ambiance était proche de celle de l'illustre club
de Villecresne.
- Les trois boites très populaires dans les années
70, "Le
Scaramouche", rue Vivienne, "le
18", rue de
Beaujolais et "la
Mendigotte"
quai de l'hôtel de ville, même si leur clientèle
vieillit
un peu, vont continuer à bien fonctionner dans les
années 80. Le
Scaramouche, qu'on appelle désormais "le
Scara" va
agrandir sa piste de
danse en 1982 et organiser des shows avec les
"Scara
Poubelle's". Sa clientèle est gaie et de plus en
plus asiatique. On y
trouve de temps en temps des gigolos.
- Le 19 mai 1988, "La
Luna"
ouvre ses portes à la Bastille et dans la
rue qui devient la rue la plus gay du quartier, la
rue Keller puisqu'on
y trouve déjà un bar cuir et un restaurant homo. Le
DJ Laurent Garnier
va devenir le résident de la Luna et en faire un
club très branché
musicalement.
NB : Pour tout savoir sur les autres boites gay de
la capitale dans les
années 80, voire la page consacrée au quartier des Halles
(Le Broad, le
BH,
Le Limelight Boy, Le Haute-Tension, Le Club, etc...)
LES
GAY
TEA DANCE DU DIMANCHE APRES-MIDI.
-
"Le Palace"
avait inauguré
cette formule dès 1979. Dès 15h plus de 2000 gays
se précipitent à la
porte de l'établissement pour danser jusqu'aux
premières heures de la
soirée ou jusqu'à l'aube pour les plus courageux.
L'horaire d'ouverture
va progressivement être retardé jusqu'à 18h. Très
vite, de nombreux
établissements vont l'imiter, sans jamais
l'égaler, même après la
disparition de Fabrice Emaer. Le Palace poursuivra
ses Gay Tea Dance
durant toutes les années 80 avec un prix d'entrée
qui avoisinera les
60 F.
-
"Le
Rex Club",
5 boulevard
Poissonnière, à deux pas du Palace, va organiser à
partir 1984 ses Gay
Tea Dance de 17h à 23h puis de 16h à 22h, "Les
Sundays Gays". Le Sound
System y est un des meilleurs de Paris mais la
salle est plus petite
que celle du Palace (700 personnes contre 2000
personnes), la clientèle
plus mélangée et l'ambiance moins magique, malgré
un spectacle de
"play-mecs". L'entrée à 10 F y est probablement
pour beaucoup.
-
"Le
Megatown"
va aussi tenter
de récupérer la clientèle du dimanche après-midi
en ouvrant son Gay Tea
Dance à partir de 16h. Le succès sera mitigé.
- "Le Boy's"
organise ses Tea Dance dès son ouverture en 1988.
Là aussi, l'entrée
est au prix symbolique de 10 F.
-
"La
Scala",
belle boite
hétéro de la rue de Rivoli, va se lancer quelque
temps dans les Gay Tea
Dance. Elle fera appel à un des DJs des dimanches
du Palace, Xavier
Seulmand, DJ qui avait fait ses début dans les
boites gay "le BH" et
"le Club" avant d'animer les GTD du Palace.
-
"La Piscine",
32 rue de Tilsitt, profitant d'une fermeture
administrative du Palace,
a également organisé des Tea Dance dans les années
85-86. C'est
DJ Richard R, ancien DJ du Limelight, DJ résident
et directeur
artistique de la Piscine qui en assurait
l'animation.
Installée dans une ancienne piscine classée
monument historique, cette
discothèque avait été ouverte par Jean-Marc
Berger, producteur de
spectacles. La boite n'était pas 100 % gay mais
ciblait néanmoins cette
clientèle. L'ambiance et la musique étaient
new-wave.
D'autres DJ qui son passés par cet établissement :
Thierry Belfort,
Flechette...
LES
SOIREES
GAY.
Devant
le
succès que rencontrent les
discothèques gay de la capitale,
un certain nombre d'établissements
hétérosexuels vont décider durant
les années 80, d'organiser régulièrement des
soirées gay. Dès 1980, une
grande salle parisienne qui fait à la fois
discothèque, théâtre, salle
de concert ou cinémathèque, "l'Opéra
Night", va organiser chaque jeudi,
"Les Jeudis Gais". La
boite changera de nom au milieu des années
80 pour s'appeler le "Bodyrock",
mais les
jeudis gais seront maintenus. Le
Bodyrock sera fermé par mesure
administrative en 1987.
Jean-Claude
Detais, le patron du Broad Side,
organise les jeudis et
samedis les nuits gaies du "Studio
de
Nuit", 49/51 rue de Ponthieu,
grande boite
de 1200 m2 avec deux pistes et deux
bars.
"L'Eldorado",
ancien et magnifique théâtre devenu cinéma
au 4 boulevard de
Strasbourg, propose les "dimanches gay de
l'Eldo" sur 3
niveaux. Autre
boite
de la capitale, "le
Bataclan", propose des "soirées
gay's" tous les samedis et
dimanches. Avec "le
Rex"
et "les
Bains",
les boites branchées parisiennes ne peuvent
plus ignorer la clientèle
homosexuelle, réputée pour sortir beaucoup,
consommer beaucoup, et
surtout ne jamais poser de problèmes de
violence.
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gay cultes des
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sélection Hexagone
Gay :
-
Didier ERIBON, Dictionnaire
des Cultures Gays et
Lesbiennes, Larousse, 2003
- Florence TAMAGNE, Revue
d'Histoire
moderne et contemporaine, Ecrire l'histoire des
homosexualités en Europe : XIXe - XXe siècles.
tome 4,
Editions Belin, 2006
- Jean-Louis CHARDANS, British
group
of sexological research, History and antology of
homosexuality,
histoire et anthologie de l'homosexualité,
Centre d'Etudes
et de Documentations Pédagogiques Paris, 1970
- Iconographie : Collection privée de Cartes
Postales
- Frédéric MARTEL, Le
Rose
et le
Noir - Les Homosexuels en France depuis
1968.
- Elisabeth Quin - Bel
de
Nuit,
Gerald Nanty - Livre de Poche, 2007
-
Jacques
Bertholon & Xavier de
Vilmorin
- Guide
Johnnie
Walker
de la Nuit - Hachette - 1982
- Revue
Gai
Pied Hebdo - années 80, 81, 82, 83, 84, 85,
86, 87,
88, 89.
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